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Extrait; I Après avoir occupé une des premières places à la tête de la banque parisienne pendant la Restauration et sous le règne de Louis-Philippe, la maison Charlemont avait vu son importance s'amoindrir assez vite lorsque, de la direction de Hyacinthe Charlemont, elle était passée sous celle d'Amédée Charlemont, fils de son fondateur. C'était toujours la même maison cependant, le même nom, mais ce n'était plus du tout le même homme, et si le fils succédait au père en vertu du droit d'héritage, il ne le remplaçait pas. Né dans une famille de pauvres gens des Ardennes, Hyacinthe Charlemont était arrivé à Paris avec trois francs en poche pour commencer l'apprentissage de la vie dans une boutique de la rue aux Ours, et c'était de là qu'il était parti pour devenir successivement petit commis dans une maison de banque, caissier, puis directeur de cette maison, régent de la Banque de France, président de la Chambre de commerce de Paris, député, ministre et pair de France. Et partout à sa place, toujours au-dessus de la position qu'il avait conquise à force de travail, de volonté, d'application, d'intelligence, de hardiesse, et aussi, jusqu'à un certain point, par des qualités naturelles qui avaient aidé ses efforts: un caractère facile, une humeur gaie, des manières liantes. Mais ce qui plus que tout encore avait fait sa fortune, ç'avait été la façon dont il avait compris le rôle que les circonstances lui permettaient de remplir: à une époque où le crédit public existait à peine, il avait largement mis ses capitaux, ceux de sa maison aussi bien que les siens propres, au service de ses idées et de son parti; et si son parti ne les lui avait pas toujours rendus, il lui en avait au moins payé les intérêts en renommée, si bien que dix journaux, vingt journaux dont il payait les amendes ou dont il faisait le cautionnement avaient tous les jours célébré ses mérites et chanté sa gloire. Notre grand financier Charlemont, notre grand citoyen Charlemont, était une phrase qu'on aurait pu clicher dans les imprimeries des journaux libéraux. Comme avec cela ses rivaux ou ses ennemis étaient obligés de rendre justice à la supériorité en même temps qu'à la droiture avec laquelle il traitait les affaires, cette renommée avait été universellement acceptée, et Charlemont était devenu populaire autant pour ses opinions qui étaient celles de la partie la plus remuante du pays, que pour ses richesses dont il faisait réellement un noble usage, secourant toutes les infortunes, soutenant tout ce qui méritait d'être encouragé,
About the Author: Hector-Henri Malot dit Hector Malot, né le 20 mai 1830 à La Bouille, non loin de Rouen, et décédé le 18 juillet 1907 à Fontenay-sous-Bois, est un romancier français. Biographie: Veuf, son père, notaire, épouse en secondes noces la veuve d'un capitaine au long cours. Les deux époux ont, de leur premier mariage, chacun deux enfants. Hector est donc le benjamin d'une famille que l'on dirait aujourd'hui recomposée . Enfance et adolescence: Alors que le père manifestait un caractère rigide empreint d'une certaine sévérité, la mère, plus conciliante, berçait l'enfant de récits de voyages (peut-être inspirés par ceux de son premier époux). Elle développa ainsi son goût pour les histoires. Lorsqu'à l'âge adulte, il s'opposa à la volonté paternelle, préférant la voie des lettres aux études de droit, elle le soutint dans son choix. Le jeune Hector fit ses études au lycée Corneille de Rouen où Gustave Flaubert l'avait précédé dix ans plus tôt. Il s'y lia d'amitié avec celui qui fut quelque temps le secrétaire de Sainte-Beuve, Jules Levallois, futur critique littéraire. Ses études ne furent pas brillantes; il souffrit d'un système scolaire dans lequel il ne pouvait pas s'exprimer. Ses préférences allaient à l'histoire dont l'enseignant était un original, à l'esprit libre.