Nous sommes au Mexique, une nuit d'août 1521.
Hernán Cortés et ses hommes assiègent Tenochtitlan (Mexico), la capitale de l'empire, environnée d'un lac.
Ils se rallient 500 Indiens Tlaxcatèques, un des peuples qu'oppriment les puissants Aztèques. Ils connaissent mieux leurs rivaux. Ils offrent leur service aux Espagnols qui mettent à profit leur expérience et leur supériorité technologique. Un an plus tôt, lors de la Noche Triste, la nuit triste, ils ont dû quitter précipitamment la capitale des Mexicas. La moitié ayant péri dans les marécages.
Ce poème du peintre et écrivain Bona Mangangu scelle l'union de deux amants improbables.
Et cette union ouvre une nouvelle ère entre l'ancien et le nouveau monde.
Traîtresse pour certains, héroïne pour d'autres, en donnant une progéniture à Hernán Cortés, Malintzin ou la Malinche, celle qui fut une simple interprète donnée aux Espagnols par les Mayas, devint une femme de grande valeur. Après la mort de Cortés, elle épousa un autre conquistador, Juan Jaramillo, puis disparut aux alentours de 1529, à l'âge de vingt-neufs ans. Malintzin en nahuatl, la Malinche ou Doña Marina selon son nom de baptême, demeure, quoi qu'on en dise, la Mère de tous les Mexicains.
Aujourd'hui, certains historiens affirment que son humble mission de médiation épargna de nombreuses vies humaines. Avant que la variole ne vienne, à son tour, décimer une grande partie de la population amérindienne. La mort forme le visage de la Nouvelle Espagne: le Mexique est né de cette nuit d'horreur.
Texte de Bona Mangangu (RD Congo-Royaume-Uni) sur six gravures rehaussées du peintre Claude-Henri Bartoli (France-Mexique). Traduit en espagnol par Pilar Beltrami (Suisse-Espagne), en anglais par Jean Doets (Pays-Bas) et en chinois par Wenjue Zhang (France-Chine)