About the Book
Extrait du premier chapitre, Le voyageur qui traverse la Loire, à Orléans, n'a pas plus tôt fait deux lieues devant lui, en se dirigeant vers le midi, qu'il rencontre un pays sablonneux, aride, couvert de sapins rabougris. C'est la Sologne. La Sologne est un pays malsain, fiévreux, monotone, mais dont l'aspect général est d'une mélancolie suprême et d'une poésie incontestable. De temps en temps, du bord de la route, on aperçoit les tourelles rouges d'un petit castel en briques perdu au milieu des bois. Parfois, au matin, quand le soleil se lève, on entend retentir une fanfare, et l'on voit passer une meute ardente de grands chiens du Poitou. Le soir, à travers les petites futaies de sapins, brille la lueur rougeâtre d'un feu de charbonnier, et, dans les environs, hurle au perdu un limier égaré. Au nord, c'est Orléans, la ville un peu monotone peut-être, mais, au demeurant, le meilleur pays du monde. À l'est, c'est Vierzon, la capitale des forgerons, l'enclume qui ne dort ni nuit ni jour. À l'ouest, c'est Chambord, la belle demeure, le palais entouré de grands bois; un peu plus loin, c'est Blois, la ville policée et courtoise, qui se souvient encore de ses hôtes illustres. Puis, au midi, c'est le Berri, chanté par George Sand; le Berri, terre des légendes et des forêts touffues. Entre la Motte-Beuvron et Nouan, le pays est entièrement couvert de bois. Au milieu de ces bois, à cinq kilomètres environ du chemin de fer, se trouve une jolie habitation qui date du siècle dernier, et qui, comme toutes les constructions du pays, est bâtie en briques rouges. Est-ce un château ?
About the Author: Pierre Alexis, Joseph, Ferdinand, vicomte de Ponson du Terrail, né le 8 juillet 1829 à Montmaur et mort le 10 janvier 1871 à Bordeaux, est un écrivain populaire français et l'un des maîtres du roman-feuilleton. Il est célèbre pour son personnage Rocambole. Il a écrit 200 romans et feuilletons en vingt ans. Pierre Allexi Joseph Ferdinand de Ponson nait à Montmaur dans la propriété de campagne de son grand-père maternel Pierre Toscan du Terrail le 8 juillet 1829 de Noble Ferdinand Marie de Ponson et de Marie Suzanne Bénédicte Toscan du Terrail. Ses parents étaient alors domiciliés à Simiane d'où étaient originaires les Ponson. Son arrière-grand-père, côté maternel, Jacques Toscan du Plantier, notaire à Montmaur, est par ailleurs l'ancêtre de Daniel Toscan du Plantier. Il fut élève au collège d'Apt de 1838 à 1844. Ponson du Terrail commence à écrire vers 1850. Ses premiers textes s'inscrivent dans la tradition du roman gothique. Par exemple, son roman La Baronne trépassée (1852) est une histoire de vengeance située autour de 1723 dans la Forêt-Noire. Il s'agit, dans la même veine que La Ville vampire de Paul Féval, d'une parodie des histoires de vampires. Pendant plus de vingt ans, il fournira en feuilletons toute la presse parisienne (L'Opinion nationale, La Patrie, Le Moniteur, Le Petit Journal, etc.). Écrivant très vite et sans se relire, il parsème ses romans de phrases fantaisistes. C'est en 1857 qu'il entame la rédaction du premier roman du cycle Rocambole (cycle parfois connu sous le titre Les Drames de Paris) L'Héritage mystérieux, qui paraît dans le journal La Patrie. Il vise principalement à mettre à profit le succès des Mystères de Paris d'Eugène Sue. Rocambole devient un grand succès populaire, procurant à Ponson du Terrail une source de revenus importante et durable. Au total, il rédigera neuf romans mettant en vedette Rocambole. En août 1870, le romancier vient d'entamer la rédaction d'un nouvel épisode de la saga de Rocambole lorsque Napoléon III capitule devant les Allemands. Fidèle à l'image du chevalier Bayard, il quitte Paris pour Orléans, où il forme un corps de francs-tireurs. Mais il est vite obligé de s'enfuir à Bordeaux, les Allemands ayant incendié son château. Il meurt à Bordeaux en 1871, laissant inachevée la saga de Rocambole. Il est enterré au cimetière de Montmartre à Paris. Ponson du Terrail en Orléanais