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Dominique ARNOULD - Des poulpes et des seiches aux amphidromies (p. 7-11)A propos des amphidromies, les lexicographes mentionnent bizarrement que les proches envoient comme present des poulpes et des seiches. En realite, ce cadeau qui a si peu de valeur marchande a un but therapeutique: il s'agit d'aider la mere, par un regime alimentaire approprie, qui est mentionne dans le corpus hippocratique, a se remettre de son accouchement.Dominique ARNOULD - Offering octopus and sepias for the amphidromia (p. 7-11)Concerning the amphidromia, some lexicographers quite strangely tell that the relatives send octopus and sepias as a gift. In fact, this poor gift has a therapeutic purpose: it is meant as a diet, which we find in the hippocratic corpus, helping the mother to recover from delivery.Jacqueline ASSAEL - Le verset 4, 2 de la Deuxieme Epitre aux Corinthiens: un raisonnement sur le mode du selon que (p. 13-24)Tout au long de la tradition exegetique, les traductions et les commentaires des versets 4, 1-2 de la Deuxieme Epitre aux Corinthiens font entrer ce passage en contradiction interne avec la doctrine typiquement paulinienne de la justification par la grace. Car l'apotre semble se vanter de ses merites personnels. Mais cette interpretation n'est autorisee que par la sous-evaluation du poids syntaxique pris par la conjonction ?a introduite dans le verset 1. Ce terme definit en effet un point de vue transcendant selon lequel les actes de Paul et de ses compagnons sont rehabilites. Le texte illustre ainsi l'idee d'une superposition de deux plans, l'un humain, l'autre divin, sous l'angle desquels la valeur des comportements est appreciee differemment, selon les criteres de la morale ou de la grace.Jacqueline ASSAEL - The Verse 4: 2 of the Second Epistle to the Corinthians: A reasoning in the mode of "according to" (p. 13-24)Throughout the exegetical tradition, the translations and the commentaries of the verses 4: 1.2 of the Second Epistle to the Corinthians put this text in contradiction with the typically Pauline doctrine of justification by grace. For the apostle seems to boast of his personal merits. But this interpretation is authorized only by the undervaluation of the syntactic weight taken by the conjunction ?a introduced in verse 1. This term indeed defines a transcendent view according to which the acts of Paul and of his companions are rehabilitated. The text thus illustrates the idea of a superposition of several planes, one human and one divine, from the perspective of which the value of behaviors is assessed differently according to the criteria of morality or of grace.Francesca Prometea BARONE - La justice privee chez les chretiens au IVe siecle d'apres la correspondance de Basile de Cesaree (p. 25-39)L'arbitrage et l'episcopalis audientia ont ete examines par les juristes et les historiens du droit d'apres les sources juridiques. Toutefois, la perception par les chretiens eux-memes de ces formes particulieres de justice, leur mise en pratique et leur efficacite, telles qu'elles apparaissent a travers le temoignage de la litterature chretienne d'Orient au IVe siecle, n'ont fait l'objet d'aucune recherche. Mon etude vise a esquisser les caracteristiques des formes de justice privee pratiquees par les chretiens au IVe siecle d'apres la correspondance de Basile de Cesaree. Le temoignage de ce dernier constitue une source particulierement significative, dans la mesure ou Basile lui-meme exerca la fonction de juge en tant qu'eveque. Par ailleurs, son role de metropolitain de l'Eglise de Cappadoce, sa renommee dans le mondechretien de l'epoque, l'eventail de ses relations amicales ainsi que son esprit pragmatique, lui permirent d'etre le temoin - et souvent l'acteur - d'un grand nombre de conflits, a l'interieur de sa province ou meme loin de son territoire.Francesca Prometea BARONE - Private justice in Eastern Christianity during the 4th century according to Basil of Caesareas (p. 25-39)Arbitrage and episcopalis audientia have been studied by jurists and law historians following legal sources. However, Christians' understanding of these specific forms of justice, their application and their efficacity, as showed in Eastern Christian literature during the 4th century, have never been investigated.This contribution outlines distinctive features of private justice known by the Christians in the 4th century according to Basil of Caesarea. Basil represents a very important source because he was himself a bishop and, as such, also a judge. Moreover, his role of metropolitan bishop of Cappadoce, his reputation in the Christian world, his friendships and his pragmatic approach made him a witness and often an actor of many conflicts, in his province or even far from his land.Marie-Therese CAM, Yvonne POULLE-DRIEUX et Francois VALLAT - Canini, crochets et dents de loup du cheval d'Aristote a Vegece (mulom. 3, 5) (p. 41-64)Faisant suite aux quatre premiers chapitres d'anatomie du livre 3 des Digesta artis mulomedicinalis de Vegece, presentes sous forme de fiches de synthese (squelette et os, morphometrie du poulain de trois mois, nerfs et veines), enumeratifs et tires d'une source anonyme, le chapitre 5 sur l'evaluation de l'age du cheval par les dents et d'autres marques corporelles s'inscrit dans une longue lignee de textes depuis Simon d'Athenes. Herite de la tradition indirecte de Columelle, il a fait l'objet d'interventions de l'auteur visant a corriger des maladresses. La difficulte d'interpretation reside, entre autres, dans la polysemie de canini, qui designe a la fois les deux dents de loup de la machoire superieure du poulain, premolaires qui tombent habituellement a peu pres dans le meme temps qu'apparaissent d'autres canini, les crochets permanents, a partir de quatre ans: la forme conique et pointue de ces dents, semblables a des dents de carnassier, leur a valu une appellation identique en grec et en latin.Marie-Therese CAM, Yvonne POULLE-DRIEUX et Francois VALLAT - Canini, permanent canines and wolf teeth of the horse, from Aristotle to Vegetius (mulom. 3, 5) (p. 41-64)Following the four first chapters on anatomy of Vegetius' Digesta artis mulomedicinalis third book, in the form of synthetic and enumerative synopses (skeleton and bones, the three-month-old foal's morphometry, "nerves" and veins), without known origin, the fifth chapter dealing with the estimation of age with teeth and other body marks, belongs to a long series of texts from Simon of Athens. Inherited from Columella, by indirect tradition, the passage's mistakes have been corrected by our author. The difficulties of understanding consist, for example, in the polysemy of canini, which signify both the two wolf teeth of the foal's superior jaw, premolars which usually fall roughly at the same time that the other canini appear, permanent canines, from four years old: their conical and pointed shape, similar to carnivore teeth, explains that the same word has been used in the Greek and Latin texts.Camille DENIZOT - La double negation et le tour de e? (p. 65-90)L'objet de cette etude est de contester l'existence en grec ancien d'une regle du type de e?, selon laquelle lorsqu'un mot-N precede une negation propositionnelle, les deux negations ont le sens d'une affirmation. Une explication est proposee pour les rares exemples a l'origine de cette regle .Camille DENIZOT - Double negative and the pattern de e? (p. 65-90)The aim of this paper is to deny the existence of a rule such as de e?, according to which, when a N-word is used before a propositional negation, the two negations have an affirmative meaning. The occurrences that account for the elaboration of this rule receive an explanation.Annick LALLEMAND - Le vase a parfum a-t-il ete brise a Bethanie ? Quelques reflexions sur le sens de s t asa dans l'Evangile de Marc, 14, 3 (p. 91-100)Le verset de Marc, 14, 3 est compris comme l'acte d'une femme qui brisa un flacon en albatre contenant du nard tres couteux avant de le verser sur la tete de Jesus chez Simon le lepreux avant la Passion; or cette suite de gestes n'a pas de logique. On doit donc s'interroger sur les sens possibles du verbe s t asa (frotter ensemble avec vigueur, briser en morceaux). ssast ne devrait pas etre traduit par flacon en albatre, mais vase a parfum, car la matiere n'est pas precisee ici. La femme a pu briser le cachet qui maintenait le bouchon. Elle a pu aussi, comme c'etait l'habitude, triturer le melange visqueu avant de le verser. Le sens figure le coeur brise qui conviendrait ici, doit etre ecarte a l'actif en l'absence de complement a l'accusatif. L'acte de briser le vase a du remplacer le geste banal d'ouvrir un vase ou celui de malaxer un parfum gras, pour accentuer le caractere dramatique et exceptionnel de la scene.Annick LALLEMAND - Was the perfume bottle broken in Bethany? Some thoughts on the meaning of s t asa in Mark14, 3 (p. 91-100)The verse in Mark 14, 3 is usually understood as describing the gesture of a woman who broke an alabaster flask of pure nard, very costly, before pouring it over the head of Jesus in the house of Simon the leper before the Passion. And yet, such a sequence of actions does not make sense. One must reflect on the possible meanings of the verb s t asa (to rub vigorously, to break into pieces). ssast should not be translated as "alabaster flask", but as "perfume vessel" for the material is unspecified here. The woman may have taken the seal off the vessel's lid. Or, as usual, she may have stirred the viscous mixture before pouring it. The figurative meaning "broken-hearted" which would be appropriate, must be ruled out in the active voice as there is no complement in the accusative. Breaking the vessel must have replaced the more common action of opening a flask or of stirring a semisolid ointment in order to emphasize the exceptionally dramatic nature of the scene.Nicolas L.J. MEUNIER - Ennius, les astres et les theories anciennes de la vision. A propos de Sol albus et radiis icta lux (v. 84-85 Sk) (p. 101-121)Cet article se propose de revenir sur l'un des plus longs et des plus celebres fragments que nous ayons conserves des Annales d'Ennius: la prise d'auspices de Romulus et Remus citee par Ciceron dans son De diuinatione. Deux problemes seront plus particulierement abordes. Le premier concerne la mention du sol albus au vers 84: un certain nombre d'arguments - qu'ils soient d'ordre lexicologique (l'opposition chez Ennius des mots albus et candidus ainsi que leur rapport avec le grec ?e ), stylistique (la metaphore des jeux du cirque et la transition des astres comme schemas suggestifs du changement d'ere ) ou historique (les conditions de la prise d'auspices nocturnes) - nous poussent a revenir a l'interpretation initiale du sol albus comme astre lunaire. Le second probleme aborde est relatif au syntagme radiis icta lux que l'on retrouve au vers suivant. Si la signification globale du passage se comprend aisement (apparition eclatante et radieuse de la lumiere a l'aube), en revanche les choix lexicaux et grammaticaux operes par Ennius laissent pour le moins perplexe. Or une etude des theories anciennes de la vision (et notamment de sa variante pythagoricienne dite extramissionniste ) permet de resoudre le probleme et de proposer une meilleure traduction.Nicolas L.J. MEUNIER - Ennius, celestial bodies and ancient theories of the light. About sol albus and radiis icta lux (v. 84-85 Sk) (p. 101-121)This paper aims to reconsider one of the longest fragments preserved from Ennius' Annales, namely the famous passage where Romulus and Remus take the auspices presiding over the founding of Rome. Two problems will be addressed more specifically. The first one concerns the mention sol albus (v. 84): acertain amount of arguments - be it lexicological (the opposition in Ennius between the words albus and candidus, as well as their relation with Greek ?e ), stylistical (the metaphor of the circus games and the transition of celestial bodies as suggestive patterns for a change of era) or historical ones (the conditions for auspice-taking by night) - prompt us to go back to the initial hypothesis identifying sol albus with the moon. The second problem concerns the phrase radiis icta lux that can be read in the following line. Of course, the general meaning of the passage is easily understood: it refers to the bright appearance of the light at dawn. And yet, Ennius's lexical and grammatical choices do puzzle the reader. This article argues that a comparison with ancient theories of vision (and more specifically with its Pythagorean variant, known as "extramissionist") sheds new light on the fragment and allows us to improve its translation.Jocelyne PEIGNEY - La vie bestiale ( d ss ) au Ve et au IVe siecle: l'identite humaine et les reutilisations du motif (p. 123-141)La vie animale, theriodes bios, est un motif bien connu qui apparait dans quelques textes grecs, du Ve siecle a l'epoque hellenistique, et qui met en regard hommes et betes dans la peinture d'un etat primitif de misere et de sauvagerie dont est sortie l'humanite avec l'essor de la civilisation. Si certains passages fontindiscutablement reference au cannibalisme des origines, les exemples du ve et du ive siecle montrent la diversite des manieres de penser l'animal et l'identite humaine dont temoignent les auteurs, et la facon dont le motif de la vie de betes devient chez Critias et chez Isocrate un outil litteraire et un outil de lareflexion.Jocelyne PEIGNEY - The theory of a primitive animal-like life of human beings ( d ss ) in 5th- and 4th- century Greece (p. 123-141)The representation of the primitive animal-like life of human beings is a well-known image that can be found in several Greek texts, from the 5th century BC onto the Hellenistic period. These texts all contrast animal-like life with human life, and some of them refer to a primordial cannibalism. By studying eachparticular image of the theriodes bios in the texts of the 5th and 4th centuries, this paper will acknowledge the variety of their approaches to animal and human identities. We will also see that Critias and Isocrates refer to the primitive animal-like life of humans in their own elaborations of a political or rhetorical theory.Jean-Francois THOMAS - De terror a uereri: enquete lexicale sur des formes de peur et de crainte en latin (p. 143-168)Au-dela des traductions par peur et crainte, apparaissent des differences semantiques, qui bien sur ne sont pas systematiques. Terror, c'est l'envahissement du sujet par une peur violente. Pauor - pauere s'appliquent plutot a une vive inquietude provoquee par un choc brutal, formido - formidare a une inquietude forte et tres prenante dans le temps. Vereri craindre avec respect signifie aussi apprehender, c'est-a-dire prendre la mesure inquiete d'une situation dans sa duree et sa complexite. Timor - timere et metus - metuere ont une valeur plus generale, mais ils ne sont pas toujours equivalents. Timor - timere correspondent plutot a etre en proie a la peur, metus - metuere a se focaliser sur un objet de crainte . En outre, timere et metus deviennent plus usuels que metuere et timor.Jean-Francois THOMAS - From terror to uereri: a lexical inquiry into the forms of fear and dread in Latin (p. 143-168)Behind the French translations as peur and crainte lie semantic differences that are, of course, less than systematic. Terror applies to a subject who experiences a violent fear. Pauor - pauere refer rather to a sharp anxiety brought about by a brutal shock, and formido - formidare to a deeper and lasting anxiety.Vereri, "to fear with awe", also means "to be apprehensive of": i.e., an anxious assessment of a situation in its durability and complexity. Timor - timere and metus - metuere have more general meanings, without always being interchangeable: timor - timere corresponds to "being prey to fear", and metus - metuere to"focusing on the feared object". Moreover, timere and metus come to be more frequent than metuere and timor.