Voltasses-sur-mer, station balnéaire démodée, une fin de journée pourrie d'octobre.
Une vraie tempête de film d'horreur s'abat sur le petit immeuble délavé où Victor s'est rendu à tombeau ouvert, tel Tom Selleck dans "Magnum", parce qu'il sait qu'il la trouver ici chez Brice: le nabab de la plage à peu de frais; l'ex de Clara SA femme.
Car même s'il ne se sont jamais mariés Victor, quadragénaire à l'esprit brillant, caustique, plein de musique, d'images et d'ironie. Idéaliste, il se sait structurellement inapte au bonheur. Pourtant, l'air de rien, vit avec cette créature indépendante, intelligente, un rien autocratique depuis quelques années; alors c'est tout comme. À plus fortes raisons ici et maintenant!
Ballotté de toutes parts dans cet orage de fin du monde, il avance péniblement, tentant de gagner la terrasse d'où il sait qu'il les verra derrière la grande baie vitrée.
Non, il n'y a plus de doute possible: ce n'est pas une visite de courtoisie que rend Clara à son ancien amant, précisément en ces lieux de sinistre mémoire...
Aux premières loges de ce Baywatch de plus en plus torride auquel il n'a pas été convié, Victor, secoué d'émotions contradictoires, de rafales de sable et d'eau; assistera à ce qui ne se révèlera pas comme un tout bête adultère.
Dans "R.A.F. Rien à voir avec la Royal Air Force" Lennard Franzen retrace avec gouaille, tendresse, férocité et le minimum de mauvaise foi vitale l'itinéraire d'une romance d'aujourd'hui où se côtoient le dérisoire et le magnifique. L'histoire de deux êtres assoiffés d'amour, vivant leur destinée au jour le jour. Un tandem sur un sentier tortueux, caillouteux, boueux; entre boulot, vie commune, quotidien, volupté, désirs singuliers et fantasmes pluriels.