À bien des égards, il est difficile pour les occidentaux contemporains de concevoir qu'une pandémie puisse se propager dans le monde entier et tuer des millions de personnes, et il est encore plus difficile de réaliser qu'une maladie aussi courante que la grippe puisse causer une telle épidémie et de si nombreux décès. Bien que la grippe fasse encore des centaines de victimes chaque année, la plupart des personnes qui en meurent sont soit très jeunes ou âgées, soit atteintes d'une autre maladie qui les a déjà affaiblies. En fait, la plupart des gens contractent la grippe au moins une fois, et beaucoup en souffrent plusieurs fois dans leur vie et y survivent avec un minimum de soins médicaux.
En 1918, le monde était encore en proie à la Grande Guerre, le conflit le plus meurtrier de l'histoire de l'humanité à ce moment-là. Mais alors que la Première Guerre mondiale a été une catastrophe, surpassée seulement par la Seconde Guerre mondiale, une épidémie de grippe sans précédent allait faire, cette même année, un nombre de victimes à faire pâlir les deux guerres en comparaison. Cette maladie, ou plus probablement ensemble de symptômes, la grippe espagnole, s'est rapidement répandue dans le monde et a probablement tué plus de 100 millions de personnes, décimant les pays développés et anéantissant près de 5 % de la population mondiale. La guerre en cours et la censure exercée par les pays concernés ont peut-être conduit à sous-estimer le bilan réel de l'épidémie, compte tenu de la façon dont les décès de soldats ont été comptabilisés.
La Première Guerre mondiale a peut-être détourné l'attention du public sur la nature sans précédent de l'épidémie, mais l'aspect le plus alarmant de l'épidémie de 1918 a été le caractère aveugle avec lequel le fléau a attaqué jeunes et moins jeunes, personnes en bonne santé et malades, riches et pauvres. En fait, le nom populaire de l'épidémie faisait référence au fait que même le roi d'Espagne avait été frappé par la maladie. Si lui et le président Woodrow Wilson ont finalement réussi à y échapper, l'ancienne première dame des États-Unis, Rose Cleveland, n'y a pas survécu.
Le nombre stupéfiant de décès et la manière dont n'importe qui pouvait apparemment être victime de l'épidémie ont appris aux gens du début du vingtième siècle qu'en dépit des énormes progrès technologiques, et malgré l'impasse dans laquelle se trouvait la guerre, personne n'était à l'abri de la nature. Ceci a bien sûr aussi montré que l'on pouvait faire beaucoup plus pour éviter que de tels événements ne se reproduisent. La pandémie de 1918 n'a été ni la première ni la dernière manifestation de la grippe, mais elle a été de loin la pire, et elle a changé à jamais le visage de la médecine et des soins de santé publique en Amérique du Nord et en Europe.
La Pandémie de Grippe espagnole de 1918: Histoire et Héritage de l'Épidémie la plus Meurtrière au Monde retrace les ravages et les dégâts que la terrible maladie a causés à travers le monde. Grâce à de nombreuses photos et une bibliographie complète, vous allez découvrir l'épidémie de grippe de 1918 comme jamais encore auparavant, et en un rien de temps.