À l'époque où parurent la plupart des études littéraires classiques de ce volume, on discutait beaucoup de deux ou trois idées directrices. Aujourd'hui, on les respire comme dans l'air du temps.
Nos débats acharnés, nos copieuses analyses, nos exécutions rigoureuses ont-elles eu quelque part au changement du goût public ? Pour le dire, il faudrait commencer par savoir si la critique peut aider aux apparitions de la vie.
De 1885 à 1900 les plus belles étoiles brillaient sur notre ciel, plusieurs levées depuis longtemps, d'autres montant sur l'horizon. Ce n'est certes pas le bien ou le mal dit d'Anatole France, de Maurice Barrès, de Moréas, de Paul Bourget, de Frédéric Mistral ou de Théodore Aubanel qui pouvait ajouter de la flamme à leur flamme vive. Seulement, tout le monde ne leur accordant pas l'attention, l'admiration ou la piété dues, il n'était peut-être pas inutile de conseiller au public de lever le nez dans leur direction.
Peut-être aussi que ces beaux choeurs supra-terrestres n'ont une conscience expresse ni de tous leurs accords (qui ne se voient bien que d'en bas) ni de tout leur pouvoir sur la végétation de nos humbles parterres; les conseils ou les prières de la critique peuvent servir à éclairer et à débrouiller tout cela.
Enfin, bien des nuées et des fausses lumières voguaient de conserve avec ces beaux astres pour tenter d'en capter, d'en intercepter la splendeur troisième utilité d'une critique militante et justicière. Elle chasse l'écornifleur et l'importun; en servant les meilleurs, elle fait déguerpir les moins bons.
S'il est prématuré d'attribuer la qualité d'une renaissance classique à l'effort de ces dernières années, elles ont vu la fuite éperdue de bien des Barbares.
Cela aussi servait.