NAPOLÉON ! BONAPARTE. Pourquoi distinguer entre ces noms ? Le vainqueur de Lodi n'est-ce pas le vainqueur d'Austerlitz ? Qu'est-ce qui sépare le soldat de la République du conquérant couronné ? Un trône .
C'est ainsi que Georges Montorgueil - pseudonyme d'Octave Lebesgue (1857-1933), auteur de nombreux livres pour enfants et journaliste ayant notamment collaboré à L'Écho de Paris, L'Éclair ou encore Le Temps et dirigé à partir de 1900 L'Intermédiaire des chercheurs et curieux - entame son récit là où il l'avait laissé dans Bonaparte, publié 11 ans plus tôt et retraçant les pérégrinations de l'enfant corse sacré empereur après avoir restauré paix et ordre dans le pays.Vous assisterez à l'oeuvre guerrière d'un incomparable soldat: du soleil d'Austerlitz à l'astre déclinant dont les derniers feux, dans la campagne de France, ne seront pas les moins beaux, que de batailles dont vous lirez les très sommaires récits; mais surtout vous les verrez évoquées magnifiquement en des compositions - 31 en pleine page et 4 en double page - qui enchanteront vos yeux et captiveront votre pensée, des étangs d'Austerlitz à la maison de Longwood à Sainte-Hélène, en passant par les morts gelés d'Eylau, l'Empereur à Moscou ou encore les adieux de Fontainebleau...
Car ce Napoléon, faisant du lecteur un témoin privilégié des campagnes napoléoniennes menées tambour battant à travers l'Europe, est une fois encore brillamment rehaussé des splendides planches hors-texte en couleur de Job - pseudonyme de Jacques Onfroy de Bréville (1858-1931), talentueux portraitiste célèbre pour son sens du mouvement et de la perspective - servant une écriture toujours aussi élégante, vivante et enlevée, le tout dans une version entièrement recomposée d'un album historique devenu rare et cher dans sa première édition parue en 1921.
Napoléon n'a-t-il cherché que l'ivresse des triomphes personnels, oublieux, pour la sienne, de la gloire de son pays ? Il serait injuste de l'écrire et ce serait ingrat. Emporté par son génie trop haut et trop loin, il eut ses heures de vertige. Mais une sorte de fatalité ne l'y poussait-elle pas ? À l'apogée de sa puissance, ne trouvait-il pas plus de difficulté à traiter qu'à vaincre ? s'interroge Georges Montorgueil pour qui cependant Napoléon, prêt à mettre au fourreau sa prodigieuse épée et à consacrer ses conquêtes à affermir son empire, étendu sans mesure, et à en imposer la suprématie, ne peut se résumer à la fureur guerrière.
Et d'évoquer la volonté du plus illustre des conducteurs d'hommes de se reposer dans les labeurs de la reconstitution où il excellait avec autant de supériorité que dans ceux de la guerre. Car des oeuvres de son génie, la plus durable, n'est-ce pas l'organisation qu'il nous a léguée
Véritable bijou textuel et visuel dont la lecture profite à tout âge, cet ouvrage, qui nous plonge au coeur de l'existence d'un Napoléon bannissant toute parole vaine, ne parlant que pour enseigner, n'écoutant que pour apprendre et qui au faîte de sa puissance chercha à imposer sa paix à l'Europe, nous entraîne jusqu'au rocher de Sainte-Hélène où la captivité de l'empereur déchu n'entamera pas sa résolution de maintenir la même étiquette que celle observée aux Tuileries.
