Si c'est souvent la nature qui se trouve associée à ses manifestations sensorielles, la ville produit elle aussi de multiples paysages sensibles, que le citadin perçoit et exprime. Ce sont ces paysages - visuels, olfactifs, sonores, tactiles mais aussi haptiques - que le présent ouvrage propose d'explorer, dans leur dimension sociologique, architecturale, historique ou encore fictionnelle.
Les contributions réunies ici démontrent que si la ville, et les perceptions sensorielles auxquelles elle donne lieu, est fragmentée et menace l'intégrité du sujet-percevant, elle est sans cesse reconstituée par le citadin, qui cherche à se la réapproprier, tant individuellement que collectivement.
Les articles de ce volume parcourent Londres, Manchester, Liverpool, Le Caire, en passant par Lodève, Gérone ou Madrid à travers les documentaires rock, ainsi que les oeuvres littéraires et cinématographiques de Ian McEwan, Robert Solé, Ahmad Abdallah, François Bon, Javier Cercas et les romanciers espagnols de la génération X. Ils explorent la perception des odeurs dans les centres commerciaux de Beijing, exposent les enjeux et la méthode de la reconstitution sonore d'un Paris médiéval et la façon dont les touristes perçoivent Budapest ou encore les caractéristiques de l'accent stéphanois. Ils étudient la réappropriation de la ville par le tram et l'architecture-sensorium et par la reconstruction du quartier des anciennes usines Fiat.
Cette approche pluridisciplinaire met en évidence la richesse qu'offre la ville aux sens, mais aussi l'étendue du champ d'investigation que constituent les paysages sensibles urbains. C'est parce que la ville est consubstantielle de l'individu et de son parcours - au propre comme au figuré - et qu'elle correspond à une échelle politique et sociale incontournable que les enjeux qu'elle représente sont aussi nombreux qu'essentiels.