About the Book
madonna madonna est un roman par plaisir, le plaisir d'écrire et de vivre, la joie et la jouissance, les moments privilégiés où l'univers même semble comblé. Et si on réunissait ces perfections, en repoussant vers l'arrière l'autre face de la réalité, ce serait une pleine lune de splendeur. madonna madonna est un roman au plaisir extrait de la vie dans toute sa complexité de déceptions, de faux pas et de peut pas, de peurs domptées et de la honte dépassée. C'est un texte-femme, grandeur nature, d'une présence sensuelle, lumineuse, chaleureuse. Exigeant de par sa nouveauté, réconfortant dans sa maternité, elle puise la douce beauté du fond de la tristesse. Ecrit d'un seul trait, comme une lettre, comme la parole vivante, le geste, la vie qui se déroule, allant vers le toujours inconnu. C'est cela, l'élan vital. Notre présence dans un espace-temps qui nous échappe. La vie c'est l'impossibilité de revenir en arrière et de remanier le vécu. madonna madonna est écrit à la main sur des feuilles doubles dans un temps très court, trois mois plus une semaine, sans rature. C'est une écriture gestuelle, une composition très élaborée, qui fonctionne de façon physiologique, sans l'imposition d'une volonté intellectuelle. Comment faire parler le faire l'amour ? Sans précisions anatomiques dignes d'un manuel scolaire, sans artifices du fantasme, sans mise en scène observée par le trou de la serrure. Comment exprimer la liberté débridée sans violer l'intimité ? Le langage sait faire si on le laisse parler.Il ne s'agit pas de relier l'érotique et la maternité, ils sont intimement liés dans le corps de la femme. Accepter cette liaison, échapper au choix binaire maman-putain, vivre sa singularité, le corps de la femme a plus de mémoire ... madonna, la mère de la fille, madonna, la fille devenue mère, ce lien tiré depuis le début des temps et tendant vers l'infini. madonna madonna, c'est l'infini de ce roman, la minuscule matrice de la fille cuvée dans la matrice de sa mère, la fille qui devient mère, l'amour de la mère pour sa fille, de la féminité de sa fille, du matin de la vie de sa fille en l'après-midi de la sienne, cette féminité qui tourne sur l'axe de l'homme en vague sur vague de joie. Et parfois du chagrin.C'est un roman intime, pas introspectif. La pensée est élaborée à l'intérieur, mais la femme évolue dans un monde ouvert, fascinant, drôle et fulgurant, opulent, où on a envie de danser. La femme maternelle retrouve dans des lieux lointains une vie de famille, la femme fatale y découvre l'amour recomposé, on est toujours au premier rang du spectacle du monde qui s'invente chemin allant, les souvenirs jouent de nouveaux rôles, ça donne envie.Je brouille les pistes. Ce n'est pas un caprice. C'est l'essence même de madonna madonna. Le texte n'est pas sur la femme, elle est femme. Elle a cette qualité érotique d'une femme qui vit dans un monde nouvellement créé, sans carte sans guide. Elle est toujours à l'étranger chez elle. Elle a cette capacité féminine d'embrasser le corps étranger, l'enfant dans son ventre, d'assimiler des langues étrangères, le langage du nourrisson. Elle accepte la dépendance de son amour de l'homme, la reddition incandescente de la jouissance qui n'a rien de tyrannique. madonna madonna, composé en français par une étrangère qui donne naissance à des enfants métis qui jouent allégrement des libertés d'innovation héritées d'une superbe tradition littéraire en langue anglaise. madonna madonna, dévergondée, ose embarquer sur cette langue empruntée à vie et l'emmener loin de ses circuits connus. Un peu badin un peu gamin elle prend par la main cette langue engoncée dans le corset du discours, elle l'invite à batifoler dans des champs de fleurs sauvages et lui tend les fruits rouges d'un roman sans discours aucun, entièrement parlé, un tissage de voix entrelacées,