Sur le Congo, nombre d'étrangers ont écrit; ils l'ont fait pour en rapporter, généralement, des propos que tiennent, d'habitude, des chasseurs, au sujet des lions qu'ils chassent: des histoires que lesdits lions relateraient à leur manière.Ainsi, en léopards, des Congolais, qui le peuvent, prennent, à leur tour, la plume ou tapent, sur des claviers d'ordinateur, pour raconter, eux-mêmes, leur propre histoire. Tachetés, ethnifiés et colonialisés, mettant leurs pieds dans les pas des coloniaux, ils la présentent, souvent, en répétition de celle qu'ils ont retenue au cours des leçons d'inculturation et d'ethnification, reçues avec assiduité. Ici, Mukendi Kalhàlà s'en démarque, nettement; il habite sur un tout autre palier: avec une maîtrise rare du luba, il décrypte le code du message laissé par l'ascendance et expose, en des termes authentiques, l'histoire de l'humanisation des Congolais, il y a 5 siècles, par le plus illustre d'entre eux: Ilunga a Mbidi Nkole wa ku Dîba, fondateur de Nsàngà a Lubangu, l'Etat qui, au cours de 4 siècles de son existence, s'étendit depuis le Lac Tanganyika jusqu'aux rivages de l'Océan Atlantique et atteignit Benguela, avant d'être démembré et ethnifié par la colonisation. Pour accomplir son exploit, Ilunga a Mbidi n'eut ni cheval ni porteurs; il ne se déplaça même pas hors de sa capitale; il traça des routes commerciales, créa l'industrie du sel, textile et métallurgique et érigea des centres d'initiation; il créa 3 types de monnaie d'étalon-cuivre qui se régulaient; il décréta que chaque enfant mis au monde disposât d'un viatique pour toute la durée de sa vie terrestre; ni dieu, ni même prophète, il ne disposa que de la seule force de paxologie, en message adressé à l'ensemble du genre humain, message inspiré de la parole christique ... même les cheveux de votre tête sont tous comptés, parole dont, plus tard, Einstein, dans la foulée de Lavoisier, tira la célèbre équation E = mc2, parole que, par la suite, il réinterpréta, plus à fond, au point de devenir, enfin, militant de la paix.Les mains nues, sans coup férir, ni brandir la peine de mort, Ilunga a Mbidi fit régner, dans la région, une paix épaisse et durable: chose hors de portée d'un Congo aujourd'hui société guerrière, habilement et cyniquement instituée par la colonisation ethnifère, et, servilement, entretenue par la colonialisation mortifère, à l'instar des lobbies des armes qui bénissent, comme effets collatéraux, des tueries de masse perpétrées dans des familles, dans des lieux de rassemblement, dans des écoles, sur des campus, sur des lieux de travail, dans des rues, en Amérique et ailleurs.Devant cette somme de philosophie politique, demeurons-nous pantois ?; disons-nous: quoi de bon de Nazareth, rien de bon de Nsàngà a Lubangu, la polémologie plutôt que la paxologie L'information est intense, romancée et débattue opiniâtrement. Bible des égarés, de l'espoir de renaissance et de survie, bible de construction quotidienne de la paix en tant que l'alpha et l'oméga de la société humaine, telle est la vocation de ce livre de l'histoire de fierté, pour les Congolais d'aujourd'hui et de demain. Livre atemporel.