About the Book
" A lire Les Demi-Vierges, on croirait que l'avenir et la stabilité de la société tiennent à la vertu de ses filles. Toutes ? Non, les seules jeunes personnes du monde oisif et élégant. Prévost n'en connaît pas d'autre. L'oisiveté lui semble être un élément essentiel de la qualité humaine et de l'emploi du temps des gens bien. L'oisiveté, c'est le cinq à sept, la possibilité pour les dames d'avoir leur " jour ", pour les messieurs de s'y rendre, et, pour les (presque) jeunes filles de passer un discret moment chez une amie complaisante qui leur laisse la libre disposition d'une chambre. Une chambre ! Ah, qu'y font-elles ? C'est la seule question que pose M. Prévost pendant quatre cents pages. Jusqu'où vont-elles ? Qu'acceptent-elles ? Il faut le reconnaître, il y a de quoi bouleverser les jeunes viveurs d'il y a un siècle. Qu'on imagine la poupée interdite qu'était alors une jeune fille, serrée dans un corset, enveloppée de jupons, une modestie voilant son décolleté, l'usage dégageant ses épaules - le soir, l'été - et laissant s'échauffer les rêves au-dessus de la gorge, de ce sillon, de cette félicité, de cette attente, de cette offrande. Oui, jusqu'où vont-elles ? La société de 1900 - à mi-chemin entre la Fête impériale et les audaces à la Paul Morand - avait élevé la traque des pucelages par les hommes et leur défense farouche par les filles à la dignité de ballet impudique, de parade ritualisée et acharnée. Là aussi, comme dans un duel, on s'arrêtait au premier sang ". A Propos Prévost: Eugène Marcel Prévost est un romancier et auteur dramatique français, né à Paris le 1er mai 1862 et mort à Vianne le 8 avril 1941. Après des études au petit séminaire d'Orléans, puis à Châtellerault, à Bordeaux (collège Saint-Joseph de Tivoli) et chez les Jésuites de Paris, Marcel Prévost intégra l'École polytechnique en 1882. Il fut ingénieur à la manufacture de tabacs de Tonneins en Lot-et-Garonne, ville où son père avait été sous-directeur des contributions indirectes, avant d'entrer dans un ministère. Dès 1881, il commença à publier des nouvelles dans Le Clairon, journal monarchiste. En 1890, il quitta la fonction publique pour se consacrer à la littérature. Après des premiers romans consacrés à la vie de province - Le Scorpion (1887), Chonchette (1888), Mlle Jaufre (1889) - il s'engagea dans la veine qui devait lui amener la notoriété l'étude du caractère des femmes vu d'un point de vue strictement masculin, avec des romans comme Cousine Laura (1890), La Confession d'un amant (1891), Lettres de femmes (1892), L'Automne d'une femme (1893). Il triompha en 1894 avec Les Demi-Vierges, son roman le plus célèbre. Il décrit en forçant le trait les ravages que la vie parisienne et l'éducation moderne sont censés faire chez les jeunes filles. Le roman fut ensuite adapté à la scène et créé avec un grand succès au Théâtre du Gymnase le 2 mai 1895. Le terme demi-vierge, passé dans le langage courant, désigne une jeune fille affranchie mais cependant vierge. Dans le même esprit, Marcel Prévost publia ensuite Jardin secret 1897), Les Vierges fortes (1900), Frédérique (1900), Léa (1900), L'Heureux Ménage (1901), Les Lettres à Françoise (1902), La Princesse d'Erminge (1904), L'Accordeur aveugle (1905), Féminités (1912), Les Don Juanes (1922), La Mort des Ormeaux (1938). Dans une production abondante et uniforme, on peut signaler Monsieur et Madame Moloch (1906), amusante satire du caractère allemand. Il fut élu à l'Académie française le 27 mai 1909, au fauteuil de Victorien Sardou. Il est portraituré par le peintre Paul Chabas (1869-1937) sur le tableau commandé par l'éditeur Alphonse Lemerre, Chez Alphonse Lemerre, à Ville D'Avray (salon de 1895), aux côtés de l'écrivain et académicien français Paul Bourget, de Sully-Prudhomme, de Paul Arène ou de Alphonse Daudet, entre autre