About the Book
Marie de Solms Dans ce deuxième volume de la série Le piège aux maris, Marie de Solms poursuit le développement de l'intrigue. On y voit Suzanne-la-folle effectuer un retour sur elle-même, Madame Baldy, la forgeronne, tenter de lancer sa fille Antoinette dans le monde - mais de quel monde s'agit-il ? - pour lui faire oublier Pierre, son amoureux mobilisé, et décoré pour sa conduite. Les deux méchants Baratte et Klauss poursuivre leurs machinations, les deux amis, Roger et Gabriel, monter de Limoges à Paris - l'un pour devenir comédien, l'autre pour courtiser Mathilde Houlot - où ils retrouvent Georges devenu journaliste établi . Malgré quelques préjugés désagréables de l'époque et certaines digressions, ce deuxième tome se laisse lire avec plaisir. Première édition en 1866 I Comment se perdent les femmes. Le vicomte de Chatenay ne s'était pas trompé, quand il avait dit que la veuve de Moronval viendrait lui demander des nouvelles de son fils. Dès le lendemain de ce souper à la Maison-Dorée, que nos lecteurs n'ont sans doute pas oublié, une femme élégamment vêtue, mais d'un extérieur convenable, se présentait à son hôtel et lui faisait demander un moment d'entretien. Le vicomte jeta les yeux sur la carte que venait, de lui remettre son domestique et ne put s'empêcher de sourire en lisant ce nom: Suzanne Moronval. - Allons, se dit-il, j'avais deviné juste. Faites entrer dans le petit salon. Encore une étude à faire, ajouta-t-il ! Je vais donc savoir ce qu'il y a au fond du coeur de cette femme ! Et il pénétra dans la pièce où Suzanne, pâle comme une morte, l'attendait debout, la main appuyée sur le dos d'un fauteuil. - Asseyez-vous, madame, lui dit poliment le vicomte, et veuillez m'apprendre le motif de cette visite. - Monsieur..., ne me reconnaissez-vous pas ? - Non, madame. La carte que vous m'avez fait remettre porte le nom de Madame Moronval, et je n'ai jamais eu l'honneur de me trouver avec cette dame. Je suis heureux du hasard qui nous met en présence, et je vous supplierai de ne pas oublier que c'est à madame Moronval, seulement, que je désire avoir affaire... Mais, je vous le répète... asseyons-nous et causons ! Il approcha un fauteuil près de Suzanne qui s'y laissa plutôt tomber qu'elle ne s'y assit. Puis, comme le vicomte semblait décidé à ne point entamer la conversation, elle prit la parole en ces termes: - Monsieur, hier au soir, dans un souper à la Maison-Dorée, vous avez laissé tomber quelques paroles dont le sens n'a pas été perdu pour moi: vous étiez l'ami de M. Moronval, et je vous reconnais tous les droits à haïr et à mépriser la femme qui fut cause de sa mort, et dont la conduite fut un scandale public. - Mais, monsieur le vicomte, M. Moronval avait laissé un enfant en mourant... Et vous savez où cet enfant a été placé ? - Je le sais, oui, madame ! - Eh bien, monsieur..., où est mon fils ? - Madame..., j'attendais votre visite..., je l'avoue; mais, avant de vous indiquer le lieu où habite le fils d'un homme auquel j'avais voué la plus vive amitié, j'ai besoin d'avoir avec vous un entretien solennel. - Parlez, monsieur, je suis prête à répondre à tout ce qu'il vous plaira de me demander. - Je vous avertis que je vais être plus qu'indiscret. Vous avez prononcé tout à l'heure les mots de haine et de mépris: je n'ai le droit ni de vous haïr, ni de vous mépriser. Je ne vous connais pas, et M. Moronval, en mourant, n'a chargé personne de le venger du mal que vous pouvez lui avoir fait. Ce que j'ai à vous demander est fort simple, et vous pouvez me répondre sans craindre aucune récrimination de ma part. Cet enfant... est-il réellement le fils de M. Moronval ? - Oh ! monsieur... - Répondez-moi, madame... Ma question est délicate, je le sais; mais il faut que je sache à quoi m'en tenir à ce sujet. - Vous me torturez, monsieur. Mais, d
About the Author: Marie-Lætitia Bonaparte-Wyse, dite Marie de Solms née à Waterford, (Irlande) le 25 avril 1831, décédée à Paris le 6 février 1902 (à 70 ans), est une femme de lettres, poètesse, fondatrice de plusieurs revues, journaliste empruntant plusieurs pseudonymes comme Le baron de Stock ou Bernard Camille . Elle est aussi surnommée "La Muse des Alpes". Biographie En décembre 1848 elle épouse sur un coup de tête, pour résister à sa mère le comte Frédéric Joseph de Solms (1815-1863). En 1850, jeune et coquette, elle rêve de poésie. À Paris, elle tient un salon fréquenté par Victor Hugo, Gérard de Nerval, François Ponsard, Sainte-Beuve, Alexandre Dumas, George Sand et Eugène Sue. Vers 1852 elle est interdite de séjour à Paris par la police de Napoléon III qui la soupçonne de complot et d'espionnage et s'exile en Savoie, à Aix-les-Bains où elle met toute son énergie et réussit à faire vivre son salon au chalet de Solms, chalet où elle va habiter de 1853 à 1863. Entre 1853 et 1857, elle entretient une relation forte et scandaleuse avec Eugène Sue, son aîné de 28 ans, qui vient souvent lui rendre visite depuis son exil d'Annecy-le-Vieux. En 1854 elle fait construire le premier véritable théâtre d'Aix-les-Bains, dans ce théâtre dont elle est la directrice et l'animatrice, elle fit jouer des pièces de Marivaux, d'Alfred de Musset, d'Alexandre Dumas, de François Ponsard, d'Octave Feuillet puis des comédies de sa composition, elle recevra la visite du célèbre violoniste Van der Heyden et de Feydeau en 1859, son talent la pousse en 1858 à créer une revue littéraire et artistique "Les Matinées d'Aix-les-Bains" complétée en 1863 par le "journal du Chalet", elle y commente la vie littéraire française ainsi que les activités de la station.