Excerpt from Les Chroniques de la Canongate, Vol. 1: The Chronicles Of The Canongate

Un acteur du théâtre italien, ouvert, par permission, à la foire saint-germain à Paris, s'était rendu fameux par les traits d'esprit hardis, bizarres et extravagans les saillies brillantes et les heureuses reparties dont il ornait avec profusion le rôle du bouffon bigarré. Quel ques critiques, qui voyaient un acteur favori avec plus de bienveillance que dejugement, prirent l'occasion de faire des remontrances à l'habile Arlequin au sujet de son masque grotesque. Ils arrivèrent adroitement à leur but en lui faisant observer que son esprit classique et attique ses traits de gaieté délicate et son heureux ta lent pour le dialogue tombaient dans le burlesque et dans le trivial par suite de ce déguisement insignifiant, et que ces qualités feraient bien plus d'impression s'il trouvait des auxiliaires dans la vivacité de ses yeux et l'expression de ses traits naturels. Ils n'eurent pas de peine à intéresser la vanité de l'acteur au point de l'en gager à en faire l'essai. Il joua Arlequin à visage décoù vert mais on trouva généralement qu'il avait complè tement échoué. Il avait perdu la hardiesse qu'il devait au sentiment de son incognito, et avec elle tout cet esprit imperturbable de raillerie qui dans le principe, donnait de la vivacité à son jeu. L'acteur maudit ses conseillers, et reprit son masque grotesque; mais on dit qu'il ne put jamais retrouver cette légèreté insouciante et heureuse que la conscience de son déguisement lui avait prètée autrefois.

Peut - ètre l'auteur de Waverley est - il maintenant sur le point de courir un danger du mème genre, et de risquer sa popularité pour avoir quitté son incognito. Ce n'est certainement pas un essai volontaire comme celui d'arlequin; car, dans l'origine, j'avais l'intention de ne jamais me faire connaître, pendant ma vie, pour l'auteur de ces ouvrages, et les manuscrits en étaient conservés avec soin par d'autres plutôt que par moi, afin de pouvoir fournir les preuves nécessaires de la vérité lorsque le temps serait arrivé de la faire con naître. Mais les affaires des éditeurs de mes ouvrages ayant malheureusement passé en des mains différentes des leurs, je n'eus plus droit de compter sur le secret de ce côté; et ainsi mon masque, comme celui de ma tante Dinah dans Tristram Shandy (1) ayant commencé à s'user un peu vers le menton il futtemps de le mettre de côté de bonne grace, sous peine de le voir tomber de mon visage pièce à pièce.

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