About the Book
PRÉFACE MONSIEUR ET CHER CONFRÈRE, Je viens de faire un voyage pendant lequel votre ouvrage, le Fleuve des Perles, a été mon seul compagnon. J'ai pris le plus grand plaisir à lire ce livre où vous dépeignez, avec autant de talent que de sincérité, les usages, la morale et les lois de mon pays. Vous avez su, à l'intérêt d'une action dramatique savamment charpentée, ajouter, sans nuire en quoi que ce soit à la suite du récit, l'attrait qui s'attache toujours à tout ce qui est peinture fidèle des moeurs d'un pays et du milieu ambiant. Il est difficile d'entremêler avec plus d'art Européens et Chinois, colonies et indigènes, monde exotique et couleur locale. Le titre seul, d'ailleurs, l'Araignée-Rouge, est déjà, pour un lettré chinois, une promesse qui désarmerait d'avance la critique, si toutefois celle-ci était possible, lorsqu'il s'agit d'un récit terrible, qui, tour à tour, intéresse, passionne, attache, séduit et laisse le lecteur comme sous le charme d'un rêve étrange, né des sentiments les plus variés, des sensations les plus diverses du coeur humain. Les colères de Tchou ont grondé en moi; j'ai tremblé pour I-té et Saule-Brodé. Lorsqu'on se personnifie ainsi avec les acteurs d'un roman, pour vivre de leur vie et se sentir mourir de leurs haines et de leurs souffrances, le livre n'a plus besoin d'éloges et n'a rien à redouter de la critique, même la plus sévère. Je dois ajouter, ici, que les admirables dessins de Régamey interprètent votre livre d'une façon exquise. M. Félix Régamey est trop connu pour que des louanges puissent ajouter à sa réputation, et chacun sait avec quel art il a su s'assimiler l'Orient, sous toutes ses formes. Mais je ne puis m'empêcher de dire, encore une fois, combien ses illustrations m'ont charmé. Agréez, cher Monsieur, l'expression de ma vive gratitude et de mes sentiments les plus distingués. TCHENG Kl-TONG. Paris, 15 décembre 1889. Louis-René Delmas de Pont-Jest ou Rémy Léon Delmas, dit René de Pont-Jest ou Léon Delmas, est un écrivain et journaliste français, ancien officier de marine, né le 17 octobre 1829 à Reims et mort le 10 juillet 1904 à Neuilly-sur-Seine. Il est le grand-père de Sacha Guitry. Biographie D'une famille qui avait compté plusieurs officiers sous l'Empire, Pont-Jest fut destiné à la marine et embarqué fort jeune pour les Indes où il resta six années. Il fit ensuite les campagnes de la Baltique et de la Crimée sur le Henri IV, en qualité d'aspirant, puis donna sa démission pour se livrer aux travaux littéraires. Son premier et principal ouvrage, intitulé la Jeunesse d'un gentilhomme (Bruxelles, 1860, 3 vol. in-8), est une sorte d'autobiographie de l'auteur et le récit de ses voyages aux Indes et en Chine; il contient d'abondants détails sur l'extrême Orient. Il a donné ensuite: les Esprits de l'âtre (Bruxelles, 1860, in-18; Paris, 1864); le Fire-Fly (1862, in-18), autre recueil de souvenirs de l'Océan indien; Bolino le négrier (1863, in-18), ayant pour scène principale Madagascar. Pont-Jest a fourni des articles de voyage, des romans et des nouvelles à une multitude de journaux, le Moniteur, la France, le Pays, la Revue contemporaine, etc. C'est lui qui rédigea pour le Petit Journal le célèbre procès des Thugs, pour lequel fut inauguré un système nouveau d'affiches et de réclames murales. Collaborateur assidu du Figaro, il y fut spécialement chargé, depuis 1868, de la chronique judiciaire. Pont-Jest était le grand-père maternel de Sacha Guitry, qui le décrit ainsi, dans Si j'ai bonne mémoire: René de Pont-Jest, ancien officier de marine, romancier, chroniqueur, homme très distingué, esprit fin, fine lame, aimant les femmes, aimant le jeu - type disparu du parisien à guêtres blanches sous pantalons à carreaux .