About the Book
La description du bonhomme Pons indique déjà qu'il est ridicule: En conservant dans quelques détails de sa mise une fidélité quand même aux modes de l'an 1806, ce passant rappelait l'Empire sans être par trop caricature. Pour les observateurs, cette finesse rend ces sortes d'évocations extrêmement précieuses. Mais cet ensemble de petites choses voulait l'attention analytique dont sont doués les connaisseurs en flânerie; et, pour exciter le rire à distance, le passant devait offrir une de ces énormités à crever les yeux, comme on dit, et que les acteurs recherchent pour assurer le succès de leurs entrées. Ce vieillard, sec et maigre, portait un spencer couleur noisette sur un habit verdâtre à boutons de métal blanc !... Un homme en spencer, en 1844, c'est, voyez-vous, comme si Napoléon eût daigné ressusciter pour deux heures Le spencer du cousin le classe déjà dans les gens démodés. Maurice Ménard le place dans la même catégorie que le père Séchard des Illusions perdues, le père Grandet, ou le Père Goriot: ce sont des hommes d'une autre époque égarés dans un siècle qui n'est pas le leur. Le cousin Pons a, en outre, deux autres manies qui feront de lui une victime: il est gourmand et il a une passion de collectionneur d'objets précieux. Homme pauvre vivant avec son fidèle ami, l'Allemand Schmucke, dans des conditions presque sordides, il est prêt à subir toutes les humiliations pour être invité à un bon repas dans sa famille Camusot de Marville, en réalité noble de fraîche date, qui, par ailleurs, le méprise. Les Camusot de Marville sont des parvenus, gens de robe à l'honnêteté douteuse (juge Camusot). Ils sont à peine plus éduqués que la logeuse du cousin Pons et tout aussi rapaces qu'elle. Ils n'ont pas compris l'esprit délicat de leur parent pauvre et ne le comprendront jamais. Mais, le jour où l'on s'aperçoit que sa collection vaut une fortune, alors ce sera une bataille féroce où la cousine Camusot, la logeuse, Madame Cibot, le brocanteur Rémonencq, le collectionneur Élie Magus se déchaîneront pour s'approprier le trésor, avec l'aide du médecin Poulain et de son complice, l'avoué déchu Fraisier.
About the Author: Honoré de Balzac, né Honoré Balzac à Tours le 20 mai 1799 (1er prairial an VII du calendrier républicain), et mort à Paris le 18 août 1850 (à 51 ans), est un écrivain français. Romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d'art, essayiste, journaliste et imprimeur, il a laissé l'une des plus imposantes oeuvres romanesques de la littérature française, avec plus de quatre-vingt-dix romans et nouvelles parus de 1829 à 1855, réunis sous le titre La Comédie humaine. À cela s'ajoutent Les Cent Contes drolatiques, ainsi que des romans de jeunesse publiés sous des pseudonymes et quelque vingt-cinq oeuvres ébauchées. Il est un maître du roman français, dont il a abordé plusieurs genres, du roman philosophique avec Le Chef-d'oeuvre inconnu au roman fantastique avec La Peau de chagrin ou encore au roman poétique avec Le Lys dans la vallée. Il a surtout excellé dans la veine du réalisme, avec notamment Le Père Goriot et Eugénie Grandet, mais il s'agit d'un réalisme visionnaire, que transcende la puissance de son imagination créatrice. Comme il l'explique dans son Avant-Propos à La Comédie humaine, il a pour projet d'identifier les Espèces sociales de son époque, tout comme Buffon avait identifié les espèces zoologiques. Ayant découvert par ses lectures de Walter Scott que le roman pouvait atteindre à une valeur philosophique, il veut explorer les différentes classes sociales et les individus qui les composent, afin d'écrire l'histoire oubliée par tant d'historiens, celle des moeurs et faire concurrence à l'état civil . L'auteur décrit la montée du capitalisme et l'absorption par la bourgeoisie d'une noblesse incapable de s'adapter aux réalités nouvelles. Intéressé par les êtres qui ont un destin, il crée des personnages plus grands que nature, au point qu'on a pu dire que, dans ses romans, chacun, même les portières, a du génie . Ses opinions politiques sont ambiguës: s'il affiche des convictions légitimistes en pleine Monarchie de Juillet, il s'est auparavant déclaré libéral, et défendra les ouvriers en 1840 et en 1848, même s'il ne leur accorde aucune place dans ses romans. Tout en professant des idées conservatrices, il a produit une oeuvre admirée par Marx et Engels, et qui invite par certains aspects à l'anarchisme et à la révolte.