En 1823, le comte de Villepreux, qui souhaite restaurer les boiseries de sa chapelle, engage le père Huguenin et son fils Pierre, qui vient tout juste d'achever son Tour de France. À peine les travaux commencés, le vieux menuisier se blesse et, pour le remplacer, Pierre part chercher un de ses compagnons: son ami Amaury le Corinthien qui, comme lui, rêve d'un monde fraternel et fondé sur l'égalité. Mais justement, ce n'est qu'un rêve, et quand Pierre s'éprendra d'Yseult de Villepreux, il découvrira que le libéralisme du comte est un leurre. En 1840, lorsque George Sand fait paraître Le Compagnon du Tour de France, l'histoire dont elle fait le récit et qui se déroule près de vingt ans plus tôt est rétrospectivement marquée du désenchantement que les attentes déçues de la révolution de 1830 ont fait naître. Et cependant, ce roman socialiste, qui doit beaucoup aux idées de l'utopiste Pierre Leroux et au Livre du compagnonnage d'Agricol Perdiguier, ce roman est celui de l'espérance. Il se peut que Pierre Huguenin connaisse la mélancolie: il la dépasse dans un rêve prophétique qui nous donne à comprendre que pour la romancière aussi l'Histoire est perfectible.
GEORGE SAND EST UNE FEMME DE LETTRES FRANÇAISE. Faisant scandale par sa vie amoureuse agitée et par ses tenues vestimentaires masculines, elle adopte un pseudonyme masculin dès 1829. George Sand est en réalité le pseudonyme d'Amantine Aurore Lucile Dupin, plus tard, la baronne Dudevant lorsqu'elle se marie en 1822 avec le baron Casimir Dudevant, dont elle aura deux enfants. Ses détracteurs les plus acharnés: Charles Baudelaire, Jules Barbey d'Aurevilly, Henri Guillemin n'ont retenu d'elle que cela, alors que George Sand était au centre de la vie intellectuelle de son époque, accueillant à Nohant-Vic ou à Palaiseau: Liszt, Marie d'Agoult, Balzac, Chopin, Flaubert, Delacroix, et Victor Hugo, conseillant les uns, encourageant les autres. Outre son immense production littéraire, elle s'est illustrée par un engagement politique actif à partir de 1848, inspirant Alexandre Ledru-Rollin, participant au lancement de trois journaux: La Cause du peuple, Le Bulletin de la République, l'Éclaireur, plaidant auprès de Napoléon III la cause de condamnés, notamment celle de Victor Hugo dont elle admirait l'oeuvre et dont elle a tenté d'obtenir la grâce. "La Mare au Diable", "Consuelo" et "Indiana", font partie de ses oeuvres les plus célèbres. Auteure de romans, de nouvelles, de contes, de pièces de théâtre, d'une autobiographie, de critiques littéraires et de textes politiques, elle n'arrête pas d'écrire jusqu'à sa mort à l'âge de 71 ans. Victor Hugo déclara à sa mort: Je pleure une morte, je salue une immortelle ! .