About the Book
Le récit est partiellement effectué par le journaliste et écrivain Émile Blondet (que l'on retrouve dans les Illusions perdues). Le narrateur intervient surtout pour parler des faits dont il a été témoin, notamment de sa grande admiration pour Armande d'Esgrignon et de l'ambiance qui régnait dans une petite ville de province où vit encore son père, l'intègre juge Blondet. Dans son enfance, le jeune Blondet (fils illégitime d'un préfet) a observé avec ferveur Mademoiselle Armande lorsqu'elle se promenait avec son neveu, Victurnien d'Esgrignon. L'enfant à visage d'ange, entouré de soins prévenants, à qui on passe tous ses caprices, est orphelin de mère. Élevé par sa tante, qui voit en lui une merveille, et adoré par son père, qui le considère comme le porte-drapeau de la vieille noblesse pure et dure, le jeune homme, quoique fort intelligent, prend l'habitude de mentir, de dépenser plus que sa famille appauvrie ne peut lui donner. Le vieux notaire Chesnel s'arrange toujours pour effacer ses dettes et se ruine peu à peu pour lui, allant jusqu'à constituer un pécule au noble rejeton lorsqu'on l'envoie à Paris. Mais le cercle du marquis d'Esgrignon, en province, est très fermé (d'où son nom de cabinet des antiques ) et les portes ne s'ouvrent qu'à la noblesse de vieille souche. Ceci excite jalousie et haine chez les parvenus, en particulier chez Du Croisier qui n'a jamais été admis au salon d'Esgrignon et qui a des ambitions politiques. Du Croisier ayant repéré les mauvais penchants de Victurnien d'Esgrignon s'arrange pour le pousser à la faute: Victurnien commet un faux en écriture pour combler les immenses dettes qu'il a contractées à Paris, en compagnie de Diane de Maufrigneuse, princesse de Cadignan). Bien que le faubourg Saint-Germain accueille Victurnien, bien que Rastignac et Henri de Marsay le soutiennent (en fait le poussent au jeu), bien qu'il soit le favori de la duchesse (croqueuse de fortune notoire), personne n'offre de position au jeune marquis dont le nouveau roi a abandonné la famille, ne lui offrant même pas la compensation des exilés. Arrêté, Victurnien risque le bagne car il doit des sommes folles à Du Croisier. Mais par une habile manipulation du vieux notaire Chesnel, qui s'assure de l'appui du juge Camusot, grâce à une démarche inattendue de la duchesse de Maufrigneuse (déguisée en homme) auprès de la femme de Du Croisier, (issue de vieille noblesse), Victurnien est finalement sauvé, et l'honneur de la famille d'Esgrignon est sauf. Balzac laisse entendre que tout ceci n'est que provisoire et qu'une page de l'histoire sociale vient de se refermer. Quiconque, si titré qu'il soit, ne cherche pas à obtenir de l'argent par une mésalliance avec les nouveaux riches ou des faveurs du roi qui donnent le pouvoir, est condamné à la misère et à l'oubli. Victurnien le comprend et épouse sans hésiter la nièce de Du Croisier dont il croque la fortune à Paris en la rendant très malheureuse. De son côté, le narrateur Émile Blondet se haussera dans la hiérarchie sociale en épousant la comtesse de Montcornet dans les Paysans, évènement que l'auteur annonce déjà dans ce roman-ci, comme si Balzac avait déjà composé un morceau d'une partition qui demeurera inachevée à sa mort et que terminera Charles Rabou.
About the Author: Honoré de Balzac, né Honoré Balzac à Tours le 20 mai 1799 (1er prairial an VII du calendrier républicain), et mort à Paris le 18 août 1850 (à 51 ans), est un écrivain français. Romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d'art, essayiste, journaliste et imprimeur, il a laissé l'une des plus imposantes oeuvres romanesques de la littérature française, avec plus de quatre-vingt-dix romans et nouvelles parus de 1829 à 1855, réunis sous le titre La Comédie humaine. À cela s'ajoutent Les Cent Contes drolatiques, ainsi que des romans de jeunesse publiés sous des pseudonymes et quelque vingt-cinq oeuvres ébauchées. Il est un maître du roman français, dont il a abordé plusieurs genres, du roman philosophique avec Le Chef-d'oeuvre inconnu au roman fantastique avec La Peau de chagrin ou encore au roman poétique avec Le Lys dans la vallée. Il a surtout excellé dans la veine du réalisme, avec notamment Le Père Goriot et Eugénie Grandet, mais il s'agit d'un réalisme visionnaire, que transcende la puissance de son imagination créatrice. Comme il l'explique dans son Avant-Propos à La Comédie humaine, il a pour projet d'identifier les Espèces sociales de son époque, tout comme Buffon avait identifié les espèces zoologiques. Ayant découvert par ses lectures de Walter Scott que le roman pouvait atteindre à une valeur philosophique, il veut explorer les différentes classes sociales et les individus qui les composent, afin d'écrire l'histoire oubliée par tant d'historiens, celle des moeurs et faire concurrence à l'état civil . L'auteur décrit la montée du capitalisme et l'absorption par la bourgeoisie d'une noblesse incapable de s'adapter aux réalités nouvelles. Intéressé par les êtres qui ont un destin, il crée des personnages plus grands que nature, au point qu'on a pu dire que, dans ses romans, chacun, même les portières, a du génie . Ses opinions politiques sont ambiguës s'il affiche des convictions légitimistes en pleine Monarchie de Juillet, il s'est auparavant déclaré libéral, et défendra les ouvriers en 1840 et en 1848, même s'il ne leur accorde aucune place dans ses romans. Tout en professant des idées conservatrices, il a produit une oeuvre admirée par Marx et Engels, et qui invite par certains aspects à l'anarchisme et à la révolte.