About the Book
Extrait du chapitre I I On voyait en 18.., à Paris, dans la rue Miromesnil, un vieil hôtel que de récentes constructions ont fait disparaître, et qui, depuis plus de vingt ans, semblait menacer ruine; mais tel qu'il était, solidement bâti en fortes pierres de taille noircies par les pluies de cent hivers, il aurait bravé les efforts du temps, si un matin la spéculation ne l'avait jeté par terre. Cet hôtel, élevé jadis par un président à mortier du parlement, se composait alors d'un grand bâtiment à toits mansardés, précédé en retour de deux ailes moins hautes, dont le rez-de-chaussée, disposé pour les écuries et les remises, encadrait une vaste cour où l'herbe verdissait entre les pavés. Un jardin où s'allongeaient deux allées de tilleuls taillés en forme de charmilles, entre lesquelles s'étalaient carrément quelques plates-bandes fermées par du buis, s'étendait derrière l'hôtel. Tout alentour de ce jardin monotone montait pesamment un grand mur tapissé de lierre, dont les épais rameaux étouffaient à demi une vigne énorme qui donnait encore, malgré son grand âge, quelques pampres, et çà et là en automne une douzaine de grappes de gros raisins que des bandes de moineaux se disputaient. La cour allait si bien à l'hôtel et l'hôtel au jardin, qu'ils avaient comme un air de ressemblance et de parenté. On ne concevait pas que l'un n'appartînt pas à l'autre, et tous trois ensemble, également vieux, également tristes, également solennels, se complétaient, comme la perruque, le rabat et la canne à bec-de-corbin complétaient jadis la toilette d'un magistrat. Ils avaient cette harmonie que donne le temps. Une série d'appartements hauts, larges, incommodes, magnifiquement décorés, dont rien n'avait pu éteindre les dorures, en occupait l'intérieur; un perron de cinq marches, flanqué de vieux éteignoirs de tôle plantés dans la muraille, à droite et à gauche, conduisait de la cour au rez-de-chaussée, où d'immenses salons, disposés en enfilade, ouvraient leurs portes-fenêtres sur le jardin, qui était de plain-pied avec l'hôtel....
About the Author: Louis Amédée Eugène Achard, né à Marseille le 22 avril 1814 et mort à Paris le 25 mars 1875, est un romancier et auteur dramatique français Biographie Amédée Achard a fait ses études au lycée Thiers de Marseille. Après un court séjour près d'Alger, où il dirige une ferme, puis à Toulouse, où il est employé au cabinet du préfet, il est journaliste à Marseille au Sémaphore pour lequel il écrit nombre d'articles, billets et chroniques. Arrivé à Paris, il collabore au Vert-Vert, puis à L'Entracte, au Charivari et à L'Époque, écrivant à la fois pour lui-même et pour ses collègues journalistes en panne d'inspiration. Il collabore ensuite au journal satirique Le Pamphlet. Il provoque en duel un dénommé Fiorentino qui l'avait diffamé. Au cours de ce duel, il est gravement blessé. Encore convalescent, il part en Italie avec l'armée française pour couvrir la guerre pour le Journal des débats. Achard écrit énormément. En plus de son activité de journaliste, il trouve le temps d'écrire une quinzaine de pièces de théâtre et une quarantaine de romans, parmi lesquels de nombreux romans de cape et d'épée. On lui prête à tort la paternité de cette expression, que Ponson du Terrail avait employée avant lui, mais son roman intitulé La Cape et l'Épée, paru en 1875, en fait un des pères du genre. Il était admiré en cela par Alexandre Dumas. Amédée Achard est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris (85e division): le monument funéraire, élevé à sa mémoire par la Société des gens de lettres et la Société des Auteurs dramatiques, est orné d'un médaillon du au sculpteur Louis-Charles Janson.