Excerpt from Histoire du Deux D�cembre, 1869

On sait ce qui s'ensuivit. Abn�gation ou calcul, inspi ration ou illusion, ambition ou pr�vision, g�n�rosit� ou habilet�, quel qu'ait �t� le mobile de cette concession inou1e, ce qu'il y a de vrai et c'est peut - �tre ce qui en fait la grandeur h�rorque, c'est qu'elle ne satisfit compl�tement personne, pas plus les pouvoirs constitu�s que les partis, pas plus l'opinion que les int�r�ts, pas plus la presse que l'administration, pas plus l'opposition que la majorit�. Tout au plus les masses reconnaissantes et quelques vieux serviteurs � foi robuste comme leur d� vouement t�moign�rent d'un intelligent enthousiasme; mais ce fut tout. L'empereur, qui avait pr�vu les r�sis tances et qui, jusque dans sa famille, dans son intimit�, dans son minist�re, les combattit et les combat encore, maintint son initiative non-seulement contre la mauvaise foi et l'ingratitude qui criaient au pi�ge et � l'hypocrisie, non - seulement contre l'ignorance et la peur qui l'accu saient de t�m�rit� et de vertige, mais contre sa propre politique et nous pourrions dire contre ses propres actes, puisque apr�s avoir conserv� les ministres qui, la veille encore, se r�criaient � l'id�e du moindre changement et qui, par conscience autant que par n�cessit�, avaient of fert leur d�mission, il put, par un miracle de r�solution, les contraindre � pr�parer les lois nouvelles et � venir les soutenir devant les Chambres, ce qu'ils firent, soit dit en passant, avec un talent, un d�sint�ressement et un pa triotisme dont aucune �poque parlementaire n'avait en core donn� l'exemple depuis la R�volution.

Mais cette pr�paration fut longue. On le sait encpre. Pleine de p�rils, d'anxi�t�s, de r�sistances de toute sorte, et comme, pendant l'ann�e qui pr�c�de le d�bat devant le Corps l�gislatif, on ne pouvait plus recourir aux lois anciennes virtuellement discr�dit�es et abandonn�es, sans para�tre manquer de loyaut� et de logique, l'opinion et la presse, livr�es � elles-m�mes et comme si elles eussent attendu cette explosion couv�e depuis quinze ans, se ru�rent, c'est l'expression litt�rale, - eu pleine orgie de licence, de fa�on � rappeler le mot effrayant de Twite sur les Romains d'octave Auguste, se ruant spontan�ment et � plaisir en pleine servitude; au fond, l'anarchie n'est autre chose que l'asservissement des �s ptits et la corruption des moeurs politiques. Depuis 93 et 1848, rien de pareil ne s'�tait vu en France, et cela se voyait sous l'empire, c'est - �-dire � quelques jours de distance seulement de ce r�gime administratif si forte... ment et si habilement combin� par l'auteur du 2 D� q�mbre, r�gime us� sans doute puisque la main m�me qui l'avait tissu en jetait les lambeaux aux quatre vents, mais dont on dut regretter alors de n'avoir pas fait, quand on le pouvait encore, un plus complet et plus s� v�re emploi. Malheureusement, il n'�tait plus temps et C�sar, une fois encore, venait d'�crire sur son dossier le mot fatidique Rubicon.

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