About the Book
AVANT-PROPOS Cette histoire extraordinaire, moitié bretonne, moitié parisienne, me fut racontée par un Anglais, à Londres, en 1842. Mr J. N. W...y, alors protestant, a eu le bonheur de finir dans la communion catholique, à Paris, vers le commencement du second Empire. Il ne croyait pas beaucoup aux revenants, mais sa conviction était que, au début de l'institution surtout, les assurances sur la vie, qui ont leur excellent côté, furent l'origine d'un assez grand nombre de crimes. Mr W...y avait occupé un emploi important dans les bureaux de la première en date parmi les compagnies sur la vie; il y était chef du contentieux et avait puisé une partie des détails, qu'on va lire dans les pièces d'une enquête, poursuivie à Londres et à Paris en 1820 pour soustraire sa Société, le Campbell-Life, à l'obligation de solder le dividende énorme dont il va être question dans notre drame. Au fond de ce récit, Mr W...y, qui avait le coup d'oeil anglais, voyait surtout la menace sociale contenue dans la situation d'un homme sans préjugés pour qui telle somme, possible à conquérir par un méfait, dix, vingt et même cent mille francs, par exemple, devient d'une part, une fois chaque année, à jour fixe, le STRICT nécessaire indépendamment des besoins de sa vie, puisqu'elle représente pour lui sa prime à payer, - et pour qui, d'autre part, cette même somme ou prime, régulièrement payée aux échéances, représente un grand nombre de millions dans un avenir prochain. C'est là un cas de tentation, de tentation exorbitante qui doit être rare; mais Mr J. N. W...y (il s'y connaissait) ne regardait point comme unique le curieux exemple qu'il en citait et qui fait le sujet de la présente histoire. Paul Féval est un écrivain français, né le 29 septembre 1816 à Rennes et mort le 7 mars 1887 à Paris 7e. Son oeuvre, composée de plus de 200 volumes dont de nombreux romans populaires édités en feuilleton, eut un succès considérable de son vivant, égalant celle d'Honoré de Balzac et d'Alexandre Dumas. Biographie Les jeunes années Paul Henry Corentin Féval naît le 29 septembre 1816 à trois heures et demie du soir dans l'hôtel de Blossac, rue du Four-du-Chapitre à Rennes. Son père, royaliste et chrétien, originaire de Troyes appartient à la petite magistrature, il est conseiller à la cour royale de la ville. Sa mère, Jeanne-Joséphine-Renée Le Baron, est Bretonne de la région de Redon, et petite-fille du jurisconsulte Henri François Potier de La Germondaye. La famille est nombreuse (cinq enfants) et les revenus sont insuffisants. En 1826, à l'âge de 10 ans, Paul entre comme interne au collège royal de Rennes (aujourd'hui, lycée Émile-Zola). Son père meurt l'année suivante. En troisième, au plus fort des troubles révolutionnaires de 1830, il affiche au collège des opinions monarchistes, déclenche des bagarres. Le proviseur le prie d'aller se calmer à la campagne. Il passe quelques mois chez son oncle, le comte Auguste de Foucher de Careil, au château de la Forêt-Neuve, en Glénac. Le séjour va le marquer profondément. Des conspirateurs s'assemblent la nuit au château, on fond des balles. Paul laisse son imagination s'enfiévrer, il ne rêve que batailles et massacres. Il entend des légendes macabres à la veillée, parcourt les landes, erre entre les marais, s'enfonce dans les brouillards, recueille des récits de la bouche d'anciens chouans de 1793... Il revient à Rennes en janvier 1831, et entre en classe de seconde. Il obtient son diplôme de bachelier en 1833. Il oriente ses études vers le droit. Il passe sa licence à l'université de Rennes et devient avocat en 1836. Mais il abandonne rapidement cette profession, après une plaidoirie malheureuse. Au mois d'août 1837, il s'installe à Paris comme commis chez un oncle banquier, mais le monde de la banque et du commerce ne lui convient pas. Son oncle le chasse parce qu'il n