About the Book
L'action se situe aux environs de février 1819. Auguste de Maulincour, jeune officier de cavalerie, se promenant dans un quartier mal famé de Paris, aperçoit au loin la jeune femme mariée dont il est secrètement amoureux, se contentant de l'adorer de loin. Il la voit disparaître dans une maison sordide comme toutes celles du quartier. Quel est le secret de cette femme, reconnue dans le grand monde parisien comme un modèle de vertu conjugale ? Retrouvant Clémence Desmarets le soir même chez Madame de Nucingen, il tente de lui arracher son secret. Mais la jeune femme prétend qu'elle n'est pas sortie de chez elle de la soirée. Auguste décide alors d'espionner la maison où il l'a vue entrer. Réussissant à y pénétrer, il découvre la jeune femme en compagnie d'un personnage inquiétant: Ferragus. Dans les jours qui suivent, le jeune homme échappe de peu à plusieurs accidents qui s'avèrent être des tentatives répétées d'assassinat car il a surpris les secrets de gens puissants et mystérieux. Manquant d'être écrasé par une grosse pierre de chantier, victime du sabotage de l'un de ses essieux, provoqué en duel par le marquis de Ronquerolles qui le blesse grièvement, finalement empoisonné par les cheveux lors d'un bal, Auguste révèle au mari de Clémence, Jules Desmarets, très riche agent de change, le détail de ses découvertes à propos de sa femme et de Ferragus qui n'est autre qu'un ancien forçat. Le soupçon s'installe alors dans un ménage jusque-là admirable de passion partagée. Jules surprend les petits mensonges de son épouse qui le font terriblement souffrir et qui le conduiront à détruire sa femme adorée. La vérité éclate trop tard car Clémence a succombé au chagrin de ne pouvoir se justifier auprès de son mari, ses visites à Ferragus étant dictées par son amour filial, puisque le forçat était son père. De son véritable nom Bourignard, Ferragus XXIII a été ouvrier, puis entrepreneur en bâtiment. Il était à l'époque (avant 1806, date de son emprisonnement) très riche, joli garçon, compagnon de l'ordre des Dévorants dont il est devenu le chef. Condamné à vingt ans de bagne en 1806, il s'échappe et retourne à Paris où il vit sous divers noms d'emprunt et déguisements. Vers 1815, il est mêlé à plusieurs sombres affaires, dont celle de l'expédition d'Henri de Marsay à l'hôtel San Real pour tenter d'enlever Paquita, la Fille aux yeux d'or. Le marquis de Ronquerolles est un de ses complices et lui apporte son aide à sa sortie de bagne. Le marquis fait partie d'une société secrète à laquelle appartient aussi Henri de Marsay et qu'Honoré de Balzac décrit dans la préface de l'Histoire des Treize[1] comme un monde ...à part le monde, n'en reconnaissant aucune loi, ne se soumettant qu'à la conscience de sa nécessité... agissant tout entier pour un seul de ses associés quand l'un d'eux réclame l'assistance de tous; cette vie de flibustier en gants jaunes et en carrosse, cette union des gens supérieurs, froids et railleurs... cette religion du plaisir fanatisa treize hommes qui recommencèrent la société de Jésus au profit du diable. Le récit se termine comme une tragédie avec la mort d'Auguste et de Clémence, le désespoir de Jules et la décrépitude physique de Ferragus.
About the Author: Honoré de Balzac, né Honoré Balzac à Tours le 20 mai 1799 (1er prairial an VII du calendrier républicain), et mort à Paris le 18 août 1850 (à 51 ans), est un écrivain français. Romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d'art, essayiste, journaliste et imprimeur, il a laissé l'une des plus imposantes oeuvres romanesques de la littérature française, avec plus de quatre-vingt-dix romans et nouvelles parus de 1829 à 1855, réunis sous le titre La Comédie humaine. À cela s'ajoutent Les Cent Contes drolatiques, ainsi que des romans de jeunesse publiés sous des pseudonymes et quelque vingt-cinq oeuvres ébauchées. Il est un maître du roman français, dont il a abordé plusieurs genres, du roman philosophique avec Le Chef-d'oeuvre inconnu au roman fantastique avec La Peau de chagrin ou encore au roman poétique avec Le Lys dans la vallée. Il a surtout excellé dans la veine du réalisme, avec notamment Le Père Goriot et Eugénie Grandet, mais il s'agit d'un réalisme visionnaire, que transcende la puissance de son imagination créatrice. Comme il l'explique dans son Avant-Propos à La Comédie humaine, il a pour projet d'identifier les Espèces sociales de son époque, tout comme Buffon avait identifié les espèces zoologiques. Ayant découvert par ses lectures de Walter Scott que le roman pouvait atteindre à une valeur philosophique, il veut explorer les différentes classes sociales et les individus qui les composent, afin d'écrire l'histoire oubliée par tant d'historiens, celle des moeurs et faire concurrence à l'état civil . L'auteur décrit la montée du capitalisme et l'absorption par la bourgeoisie d'une noblesse incapable de s'adapter aux réalités nouvelles. Intéressé par les êtres qui ont un destin, il crée des personnages plus grands que nature, au point qu'on a pu dire que, dans ses romans, chacun, même les portières, a du génie . Ses opinions politiques sont ambiguës: s'il affiche des convictions légitimistes en pleine Monarchie de Juillet, il s'est auparavant déclaré libéral, et défendra les ouvriers en 1840 et en 1848, même s'il ne leur accorde aucune place dans ses romans. Tout en professant des idées conservatrices, il a produit une oeuvre admirée par Marx et Engels, et qui invite par certains aspects à l'anarchisme et à la révolte.