Depuis des temps immémoriaux, il n'y a pas eu une nation qui, pour des raisons quelconques, a rejeté l'idée de protection ou de sauvegarde des droits reconnus à la nature humaine. La source de cette protection est tirée de Dieu Tout Puissant, à travers les Saintes Ecritures, par les interdictions qu'Il fait à l'Homme de porter atteinte à la créature humaine: Tu ne tueras point 1.C'est ensuite l'Homme lui-même qui, par des lois et règlements qu'il édicte, interdit à tout membre de la communauté de nuire à la personne humaine, en érigeant ces atteintes à des infractions punissables pénalement, parfois même au châtiment suprême.Mais on considère souvent les Dix commandements énoncés dans l'Ancien Testament et répercutés dans le Nouveau Testament comme l'un des textes fondamentaux d'une sorte de "préhistoire des droits de l'homme". Ancien encore est le Code d'Hammourabi, fondateur du premier empire Babylonien vers 1730 avant Jésus-Christ; c'est un recueil de 282 articles qui, à côté de règles établies pour les tribunaux, a déterminé les droits de la famille et du commerce. Ces textes des lois, cependant, comme ceux des grecs et des romains du même type, pour importants qu'ils soient, ont eu pour seul objectif de fixer les règles de fonctionnement des sociétés humaines et ne se préoccupent pas encore des droits de la personne humaine.C'est la révolte contre l'arbitraire des monarchies absolues qui va faire naître un nouveau type de revendications. Ce mouvement des libertés est le plus précoce et le plus soutenu en Angleterre. Il se poursuit en Amérique avec la conquête de l'indépendance, pour culminer pendant la Révolution française avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 17892.L'Afrique, gardant toujours sa position de berceau de l'humanité, estime pour sa part que c'est elle qui est le premier continent à donner l'initiative de la protection des droits de l'homme avec la Charte Kuru Kan Fuka du Mali.En effet, Kuru Kan Fuka est un village près de Kangaba (ville située à 200 km au sud de Bamako). C'est là qu'a été élaboré, au XIIème siècle déjà, la Charte de l'empire du Mali, qui a régi l'organisation sociale, économique et culturelle du Mali durant des siècles, et qui, aujourd'hui se manifeste encore de façon sous-jacente. Kuru Kan Fuka signifie en bambara, une des langues maliennes, plaine sur une colline . C'est dans ce village qu'en 1236, le roi du Mandé (ou Mali)1 Exode 20: 13; Deutéronomes 5: 17; Matthieu 5: 21; Luc 18: 20; Romains 13: 9.2 UNIVERSITE D'ETE DES DROITS DE L'HOMME ET DU DROIT A L'EDUCATION (UEDH), Le système universel de protection des droits de l'homme, Genève, VIIème Session, 2006, p.1. Soundiata Keïta, après sa victoire sur Soumangourou Kanté, roi du Sosso, réunit tous les clans conquis pour prendre des décisions fondamentales sur l'avenir de leur communauté. La rencontre, tenue pendant quarante jours, a donné lieu à la Charte de Kuru Kan Fuka, autrement dit: la Constitution de l'Empire du Mali. Il s'agit d'une charte orale, mais néanmoins d'une précision extrême. La question du travail inscrit au chapitre 18 est un des points essentiels de son contenu. Plusieurs dispositions furent prises pour organiser le travail. On institua deux jours de repos par semaine: le lundi et le vendredi, appelés encore aujourd'hui Jon foro sènè don (jours où les esclaves cultivent leurs champs) pour encourager la productivité3.Ainsi, en 1236, plusieurs siècles avant la Déclaration française, fût érigée la Constitution de l'empire du Mali, qui définit le statut et le rôle de chaque citoyen, au sein de la communauté, dans la paix et la concorde. Pour cela, Soundiata et ses généraux, chantés par les griots, sont restés vivants dans la culture malienne.Comme on le voit, les droits de l'homme, qui sont aujourd'hui d'actualité comme s'ils viennent de naître, sont le fruit d'un long cheminement