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« BOULOGNE-SUR-MER. - Chef-lieu du premier arrondissement du Pas-de-Calais, ancienne capitale, du Boulonnais. Cette ville est appelée Gesvriacum dans Pomponius Méla, Florus, Suétone, Ptolémée et dans les Itinéraires d'Antonin; puis, à partir du règne de Constantin, Bononia, dans les autres monuments de la littérature latine et grecque. Le premier de ces noms est d'origine gauloise, le second est une appellation latine, substituée à l'autre, sans que l'on sache la raison de ce changement. Mais on ne saurait mettre en doute l'identité du lieu, lorsqu'on lit sur la carte théodosienne Gesogiaco quod nunc Bononia, et dans la vie de Constantin "Bononia que les Gaulois appelaient auparavant Gesoriacum." Personne n'a encore proposé d'interprétation plausible, relativement à la signification primitive de ces vocables.
Boulogne sous les Romains. - Les origines de l'histoire de Boulogne sont intimement liées avec les destinées de son port, le plus important qu'il y eût jamais sur les côtes de la Morinie. Ce port, formé par l'estuaire de la Liane, abrité contre tous les vents par les hautes collines qui lui font de toutes parts une enceinte ininterrompue, était favorable à la construction et au séjour des flottes les plus nombreuses. C'est par là, sans nul doute, qu'avaient lieu principalement les communications internationales, entre la Gaule et la Grande-Bretagne, pour le commerce d'importation et d'exportation, auquel prenaient part, dès le temps de César, de très nombreux trafiquants. La pêche aussi, cette industrie des peuples primitifs, devait avoir son centre le plus actif dans ce port, si bien formé par la nature pour les expéditions maritimes. La mer, à son reflux, entraînait comme d'elle-même les vaisseaux vers le large, et le flux les ramenait sans effort au lieu de leur départ.
Les fouilles qui ont été faites en 1860 et en 1861, pour l'établissement du bassin à flot et de l'écluse à sas, ont prouvé qu'à l'époque romaine le port de Boulogne avait son entrée dirigée vers l'ouest, sur un fond de roches que la mer balayait chaque jour mieux que ne le feraient les chasses les plus savamment organisées. Cela tenait à ce que les falaises de la Tour d'Ordre et de Châtillon, se prolongeant à plus d'un kilomètre en mer, se rapprochaient assez l'une de l'autre pour ne laisser entre elles qu'un étroit goulet, par où la marée montait et descendait chaque jour avec une grande rapidité. Cet état de choses, constaté par la tradition locale, a été confirmé par l'étude des enrochements sous-marins qui subsistent encore et qui en étaient la base.
L'ancienne direction de l'ouverture du port était la plus favorable à la navigation et la mieux placée pour résister aux ensablements; aussi, est-ce précisément celle qui, de nos jours, a été adoptée pour le port en eau profonde.
Une vaste nappe d'eau, semblable à un golfe intérieur, (omnem sinum illum portus, dit Eumène dans son panégyrique de Constance Chlore), s'étendait d'une rive à l'autre, entre les collines de la Tour d'Ordre, de la Colonne, de Maquétra, de Dringhen, de Bertinghen, d'Ostrohove, d'Herquelingue, d'une part, qui la protégeaient contre les vents du Nord, de l'Est et du Sud, et les hautes terres de la presqu'île d'Ou'reau et de Saint-Étienne, qui l'abritaient contre les tempêtes de l'Ouest et du Sud-Ouest. Par deux bras sinueux, elle enveloppait le plateau de la haute-ville, remontant d'un côté dans les Tintelleries jusque vers la Porte-Neuve, et de l'autre s'étendant à une assez grande distance dans le val Saint-Martin. Le lit de la Liane, à cette époque, bien plus large que n'est aujourd'hui le bassin de retenue, devait lécher le pied des collines que je viens de nommer, entre la route nationale de Boulogne à Montreuil et l'ancien chemin de la Verte-Voie. Toute la plaine où circule aujourd'hui le cours tranquille de ses eaux, était autrefois, jusqu'à une distance qu'il est impossible de préciser, couverte chaque jour par les eaux de la mer, qui remontait au moins jusqu'à Isques et peut-être au-delà. Le premier essai de barrage qu'on entreprit pour limiter cet immense estuaire fut la construction du pont qui a donné son nom au hameau du Pont-de-Briques. Un document du XVe siècle, à la bibliothèque nationale, dit expressément que ce travail fut exécuté pour arrêter les "desbordemens de la mer ".
Ce n'est pas tout, pour un port, d'offrir un asile commode et sûr aux vaisseaux qui y viennent prendre ou décharger leur cargaison, il faut encore qu'il soit convenable pour en construire de neufs et pour radouber les anciens. Un port aussi important que l'était celui de Boulogne, dont Strabon fait le quatrième port d'embarquement de la Gaule pour la Grande-Bretagne, devait être un chantier maritime.
Or, si nous considérons qu'à l'époque romaine la Morinie tout entière, et surtout le Boulonnais, étaient couverts de vastes forêts, à travers lesquelles la hache fait son oeuvre depuis dix-neuf siècles sans être parvenue à les détruire, on reconnaîtra que Boulogne était on ne peut mieux placée pour être le chantier maritime de nos contrées, Gesoriacum navale Morinorum, suivant l'expression de Ptolémée. »
Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais. Tome 1 / publié par la commission départementale des monuments historiques
Date de l'édition originale: 1873-1883
Sujet de l'ouvrage: Pas-de-Calais (France) -- Histoire
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