About the Book
Extrait: Au balcon d'une maison du boulevard Bonne-Nouvelle, en hautes et larges lettres dorées, on lit: Office cosmopolitain des inventeurs; et sur deux écussons en cuivre appliqués contre la porte qui, au premier étage de cette maison, donne entrée dans les bureaux, cette enseigne se trouve répétée avec l'énumération des affaires que traite l'office: Obtention et vente de brevets d'invention en France et à l'étranger; attaque et défense des brevets en tous pays; recherches d'antériorités; dessins industriels; le Cosmopolitain, journal hebdomadaire illustré M. Chaberton, directeur. Qu'on tourne le bouton de cette porte, ainsi qu'une inscription invite à le faire, et l'on est dans une vaste pièce partagée par cages grillées, que divise un couloir central conduisant au cabinet du directeur; un tapis en caoutchouc (B.S.G.D.G.) va d'un bout à l'autre de ce couloir, et par son amincissement il dit, sans qu'il soit besoin d'autres indications, que nombreux sont ceux qui, happés par les engrenages du brevet d'invention, engagés dans ses laminoirs, passent et repassent par ce chemin de douleurs, sans pouvoir s'en échapper, et reviennent là chaque jour jusqu'à ce qu'ils soient hachés, broyés, réduits en pâte et qu'on ait exprimé d'eux, au moyen de traitements perfectionnés, tout ce qui a une valeur quelconque, argent ou idée. Tant qu'il lui reste un souffle la victime crie, se débat, lutte, et aux guichets des cages derrière lesquels les employés se tiennent impassibles, ce sont des explications, des supplications ou des reproches qui n'en finissent pas; puis l'épuisement arrive; mais celle qui disparaît est remplacée par une autre qui subit les mêmes épreuves avec les mêmes plaintes, les mêmes souffrances, la même fin, et celle-là par d'autres encore. En général les clients du matin n'appartiennent pas à la même catégorie que ceux du milieu de la journée ou du soir. A la première heure, souvent avant que Barnabé, le garçon de bureau, ait ouvert la porte et fait le ménage, arrivent les fiévreux, les inquiets, ceux que l'engrenage a déjà saisis et ne lâchera plus; de la période des grandes espérances ils sont entrés dans celle des difficultés et des procès; ils apportent des renseignements décisifs pour leur affaire qui dure depuis des mois, des années, et va faire un grand pas ce jour-là; ou bien ..... Hector-Henri Malot dit Hector Malot, né le 20 mai 1830 à La Bouille, non loin de Rouen, et décédé le 18 juillet 1907 à Fontenay-sous-Bois, est un romancier français. Débuts littéraires et vie familiale En 1853, il s'installe à Paris, et tente en vain de faire représenter une première pièce. Pour assurer sa subsistance, il écrit quelques articles. Il se retire chez ses parents pour écrire sa première trilogie Les Victimes d'amour dont le premier volume paraît en 1859. En 1864, il fait construire à Fontenay-sous-Bois un chalet qu'il habite jusqu'à sa mort. Il en choisit l'emplacement non loin de la gare. Ainsi peut-il se rendre régulièrement à Paris et gagner les gares voisines pour des promenades pédestres qu'il affectionne. En 1867, il épouse Anna Dariès. Leur fille, Lucie, naît en 1868. Anna décède en 1880. Hector Malot se remarie l'année suivante avec Marthe Oudinot de La Faverie (1850-1920), jeune femme alors âgée de 31 ans, avec laquelle il accomplit de nombreux voyages. En 1893, un an après l'écriture de En famille, naît sa petite-fille Perrine (son prénom est celui de l'héroïne du roman). Il se montre un grand-père attentif et aimant, curieux de noter l'évolution qu'il observe chez l'enfant. De 1857 à 1859, il habite quelque temps avec ses parents, à Moisselles dans le Val-d'Oise, dans la belle propriété de son demi-frère Monsieur Thomas, où il prépare son roman Les Amants. Malot est journaliste à L'Opinion nationale et son premier livre, Les Amants, paraît en 1859 et