About the Book
Le souffle du roman étant placé entre autres à Jacmel, relate plus que l'histoire d'un passé Jacmélien par le truchement de l'un de ses fils. S'il le fait, ce passé reste encore présent par sa vivacité même dans l'esprit Jacmélien. C'est de préférence le compte rendu nostalgique d'un passé qui se veut présent et éternel, et qui est propre à Jacmel. C'est Jacmel personnifié, vu à travers une réflexion personnelle.
Ce n'est pas non plus Jacmel pris au piège d'un vague 'antan', mais Jacmel d'hier réverbéré à travers une translucidité présente, on dirait un prisme infrangible projetant une image impérissable. Une Jacmel tenace à garder intouchable sa tradition socio-culturelle, telle sa brise salpêtrée redirigée puis redistribuée par tout un mécanisme poétisé de sentiments personnels tels éprouvés et exprimés par un fils de Jacmel.
Amour et Raison à la Jacmélienne, c'est bien le reflet d'un Jacmel refusant d'accepter le verdict de divorce d'avec son passé, de laisser se tarir ou même être stagnante cette eau qui a coulé sous tous ses ponts. C'est Jacmel aspirant à tous les soleils de son avenir, bifurquant par le passé, celui culturel à travers ses troubadours actuels tels un Michelet Divers, un Georges Greffin ou un Edgar Gousse ou ceux-là à qui ils passeront le bâton de pèlerin ethnographique, sans vouloir laisser trop longtemps en arrière ni le Coucher de Soleil de Charles Moravia, ni le Sursum Corda d'Alcibiade Pommeyrac, ni l'Aux Champs de Bonnard Posy, ni Ma Fiancée des Orangers de René Delmas; celui musical de Ti Paris, le plus célèbre troubadour jacmélien et haïtien jusqu'à dâte, à Vulcain, à Ti Lhomme et à Ti Koka, de Jouvenceaux et Invincibles à SoNice; celui des magnats financiers qui se partageaient les veines économiques profuses de la ville; du bord-de-mer: Madsen, Vital, Boucard, Palanquet; de la périphérie du marché en fer: Bastien, Beauduy, Dépestre, Dubuche, Despinos, Mathador, Kaleb, Maximilien, Khawly, Zenny sans oublier nos fameuses détaillantes de tissu: nos bonnes Madame Lamartine, Madame Cole Duplan et Madame Massé; de nos portails d'entrée: Narbal Bastien, Nosirel Lhérisson, Dorcéus Mentor, ou les grandes, moyennes et petites entreprises disséminées à travers la ville: Cadet, Bellande, Baptiste, Madame Lucien Poulard, Madame Neslon Edmé la pâtissière, Madame Cérès, Dès Colin, Adèle Coin, Madame Ebel Étienne, Sò Piti, Madame Mathurin, Lemaître, Alcindor, Desamours, Bellande, Depa, Théodore Mathador et autres. Et les inévitables, professionnels politiques et impénitents arbitres de justice de la ville d'autrefois tels les Leroy, les Lhérisson, les Beauduy, les Jolicoeur, les Lamothe, les Pierre-Louis, les Nouailles etc; et ceux-là assurant leur relève et leur postérité.
Toutes les facettes de la relation passé-présent-futur de Jacmel, disons plutôt un passé-présent témoin du futur, tout ce qui fait de Jacmel une Métropole avec ses caractéristiques propres, est réverbéré à travers le miroir humain qu'est Lejac Mélien. Ce dernier entend établir d'abord sa légitimité Jacmélienne à travers un retour constant à l'adolescence. Il veut promouvoir un retour à l'Amour agissant et à la Raison émancipatrice à travers un réveil d'amour patriotique et de raison humaine. Le destin met sur sa route, pour la réussite de cette entreprise, un bon témoin étranger, une Canadienne au grand coeur qui, permettez-moi d'interpréter Carl-Bouard à ma façon, porte l'amour dans son coeur et dans son âme comme on porte une fleur de printemps, fraîche, belle et odoriférante, à son corsage.